On connait le sujet de Pagnol, précisément à travers l'adaptation que l'auteur lui-même tourna avec Fernandel 20 ans après cette version. L'intègre Topaze est mis à la porte de la pension Muche en raison même de sa probité et de sa loyauté; puis, prêtant son concours d'homme de paille à un élu corrompu, il se résoudra à devenir un affairiste véreux. Aboutissement logique, selon Pagnol, considérant une société où l'argent et les compromissions favorisent la réussite bien plus sûrement que l'honnêteté et la vertu.
La version de Louis Gasnier est condensée et, par conséquent, elle étaye moins le propos de Pagnol, en même temps qu'elle atténue la forme théatrale du sujet. Historiquement, ce "Topaze" reste surtout lié au premier rôle au cinéma de Louis Jouvet, lequel, dès lors qu'on juge la réalisation de Gasnier très quelconque, est l'attraction du film. Jouvet n'est pas sans mérite: les coupes opérées dans le texte par le metteur en scène entament l'intérêt de son personnage.
Dans une très raccourcie première partie du film (la meilleure de la pièce, y compris dans la version avec Fernandel), Jouvet impose la silhouette cocasse d'un brave type effacé et osseux, mal engoncé dans un costume trop court. La suite est plutôt décevante, où le comédien subit des scènes bavardes dans lesquelles transparait rarement la saveur des textes de Pagnol. Le film, alors, n'est pas loin d'être ennuyeux.