Topkapi fait partie de ces films méconnus et injustement notés, mais qui sont en réalité de petits bijoux qui possèdent le charme de la désuétude. D'abord, c'est un film de Jules Dassin qui quitta Hollywood à l'époque du Maccarthysme pour se réfugier en Grèce, puis en France. Il n'est pas si connu alors qu'il a pourtant quelques films importants à son actif comme Les Forbans de la nuit, Du rififi chez les hommes ou Les Démons de la Liberté.
Topkapi est un film de braquage par excellence, puisqu'il suit toutes les règles du genre, tel que Kubrick lui en donna ses lettres de noblesse avec l'Ultime Razzia en 56. Mélodie en sous-sol en 63 en fut une pâle copie. Le cercle rouge, en 70 qui s'en éloigna un peu fut plus réussi. Quant à Topkapi, s'il suit les règles du genre, cela lui permet aussi de s'en éloigner, se dirigeant parfois vers le genre du film d'espionnage. Mais de quoi s'agit-il ?
La belle Elizabeth Lipp (Melina Mercouri, l'épouse de Dassin à la ville) caresse depuis des années un rêve : celui de voler la célèbre dague du sultan incrustée de pierres précieuses et gardée dans le trésor du palais de Topkapi à Istanbul. Après en avoir réalisé une copie parfaite qu'elle projette de remplacer par l'originale pour camoufler le vol, elle fait appel à Walter Harper, sorte de gentleman cambrioleur qui n'a pas son pareil pour organiser des casses. Celui-ci constituera l'équipe chargée du braquage avec le britannique Cedric Page, spécialiste de la sécurité et deux acrobates car le casse devra se faire en "haute voltige". Un dernier larron inattendu se manifestera dans la personne d'Arthur Simpson (Peter Ustinov) qui donne tout son charme au film par l'apport comique qu'il lui donne. Encore, je n'aimais pas trop Ustinov dans le rôle d'Hercule Poirot dans les adaptations d'Agatha Christie qu'il a faites, là, il m'a vraiment convaincu. Mais tous les comédiens sont aux petits oignons ici. Mais ce qui fait vraiment le charme du film, outre son côté parfaitement désuet, c'est évidemment son cadre : la merveilleuse ville d'Istanbul qui est filmée sans pareil. Car ce film est aussi un témoignage de la ville dans les années 60, ville qui n'existe plus, tant elle s'est transformée depuis. Nous aurons droit évidemment à tous les petits clichés de la ville et sur la Turquie, et notamment la scène de lutte turque qui est proprement hilarante, et l'un des sommets du film.
Quant à la scène du casse en elle-même, qui est censée être l'acmé du film, elle est filmée avec minutie, et je dois dire avec un certain réalisme et sérieux. Comme quoi, l'on voit que si l'on sent que toute l'équipe s'est beaucoup amusée en tournant ce film, ils ont été très sérieux dans la scène du casse qui justifie le film, malgré le fait qu'elle ne soit qu'un prétexte, et que le registre du film soit l'humour. La scène a en tout cas été regardé par certains avec sérieux puisqu'elle a très clairement inspiré des films comme Mission impossible ou Haute Voltige. Un film à voir pour les amateurs d'Ustinov, de films de casse, ou pour les turcophiles dont je suis (on se moque gentiment des Turcs, mais leur pays est tellement bien montré qu'on le pardonne aisément).