(1973. FR. : Torso. ITA. : I corpi presentano tracce di violenza carnale.
Vu en VOST.)
Pérouse. Années 1970. Une vague de meurtre particulièrement sordides touche des étudiantes aux mœurs libérées…
Sans être un des meilleurs giallo, ni même de son auteur (L’étrange vice de Mme Wardh, L’alliance invisible, Ton vice est une chambre close…), Torso reste pourtant à mes yeux un film très efficace, iconique du genre tout en inspirant très fortement un autre dont la plupart ne retiennent que le pendant américain : le slasher, dont on date souvent le début en 1974 avec Black Christmas. Ici on retrouve tous les ingrédients du genre : tueur à l’arme blanche ayant vécu une expérience traumatisante, jeunes filles délurées en victimes expiatoires mais qui ne font pas attention…
S’il s’avère moins inspiré qu’à son habitude, notamment dans ce genre où il excella, avec un scénario des plus sommaires, Sergio Martino remplit toutefois parfaitement le cahier des charges : des suspects à volonté, des meurtres mémorables soutenus par la superbe B.O des frères De Angelis et de magnifiques poupées douces et perverses alignées pour servir de festin à notre maniaque spécialiste de l’arme blanche : opinel ou scie selon l’humeur !
Comme souvent avec Martino, ce n’est pas sur le fond, mais bien sur la forme qu’il affirme son talent avec notamment une photographie des plus réussies comme cette scène de la forêt où marécages et brouillard nous envoutent. Ou encore par le choix de la localité de L’Aquila pour la dernière partie du film avec cette demeure, refuge pour nos jolies proies, surplombant le village.
Nues pour l’assassin
Il s’avère aussi être maître dans l’art de faire monter la tension. Erotique, évidemment, Martino répétant à l’envie les scènes de nu, malgré l’absence de sa muse Edwige Fenech. Qu’importe ! Conchita Airoldi (L’étrange vice de Mme Wardh puis reconversion dans la production de films comme Pasolini ou le dernier Verhoven Benedetta.) Angela Covello, ou Carla Brait (Les rendez-vous de Satan, Les guerriers du Bronx) assurent le show et soufflent le chaud !
Ce qui est remarquable dans Torso, c’est que la tension ne sera pas que sexuelle grâce notamment à une dernière demi-heure à couper au couteau où le réalisateur prend un malin plaisir à faire endurer le pire spectacle qui soit à *Suzy Kendal*l (L’oiseau au plumage de cristal, Opération Tonnerre, Spasmo) qui n’est jamais aussi bonne que lorsqu’elle claque des dents ! Plus généralement les scènes de meurtre sont parfaitement amenées en jouant avec le spectateur et la future victime.
Mentionnons aussi les prestations de Tina Aumont (Casanova de Fellini, Corbari) et sa beauté singulière, de son salaud de père Carlo Alighero (Le chat à neuf queues, L’accusé…) qui reluque sa propre fille et sort avec la sublime Conchita ou encore de John Richardson (Le masque du démon) et Roberto Bisacco (Stavisky). C’est également toujours un plaisir de retrouver la trogne d’Ernesto Colli (Béatrice Cenci, Milan calibre 9…) en pervers de service comme dans Macchie solari. Enfin, le français Luc Merenda (L’accusé, Calibre magnum pour l’inspecteur, Salut les pourris) entame alors sa carrière italienne, il tournera la même année Rue de la violence avec le même Martino.
Pour conclure, la B.O de Guido et Maurizio De Angelis est parfaitement réussie et à l’image du film : d’une simplicité et d’une efficacité redoutable ! En somme, une véritable référence du genre lorgnant, comme La baie sanglante, vers l’exercice de style où les mises à mort demeurent le véritable fil d’un scénario faiblard. Beaucoup de défauts et de qualités donc pour le dernier giallo de son auteur (Mort suspecte d’une mineure, dispo sur Netflix, s’apparentant plus au polar).
Les deux thèmes principaux de la B.O. : https://www.youtube.com/watch?v=NYT4tSyA1Sc
https://www.youtube.com/watch?v=6Uym7eiz4Vg