Toss Me a Dime
Toss Me a Dime

Documentaire de Fernando Birri (1958)

Historiquement - et pour l'Argentine, ce film a une importance aussi grande que Terre sans pain (Las Hurdes) en avait pour l'Espagne. A l'instar du film de Bunuel, ce court-métrage documentaire (deux autres caractéristiques similaires à Terre sans Pain) a pour but pédagogique d'éveiller les consciences et de montrer une réalité jusqu'alors inconnue pour l'ensemble de la population, la pauvreté d'une partie des Argentins.


En ouverture, Birri nous montre Santa Fé vue d'avion ; le narrateur nous énumère alors une multitude de données statistiques, visant à nous rendre compte de l'importance de la ville, tant d'un point de vue économique, démographique et culturel (avec ses universités, ses centaines d'écoles...). Mais là où d'autres se seraient contentés de survoler le sujet et de n'appréhender la ville que de haut, de loin, Birri fait ensuite redescendre sa caméra pour aller au coeur d'un des nombreux bidonvilles qui encerclent la ville. Le cinéaste donne la parole aux personnes qui vivent là dans le plus grand dénuement et les suit dans leur vie de tous les jours. Plus précisément, il va se focaliser sur les enfants - non scolarisés - qui ne survivent qu'en quémandant une pièce de 10 pesos aux voyageurs qui passent en train : scène d'une violence rare (les enfants risquent leur vie sur un pont à 6 m de hauteur) rendue encore intolérable par une simple phrase, une réflexion d'un voyageur "et dire que ces gamins n'ont pas envie de travailler !".


Devant un tel spectacle de désolation, la caméra de Birri reste neutre (y compris dans le commentaire). C'est là la grande force du film, il montre, point.Ce qui à l'époque, était déjà vue comme subversif par un régime ne voulant pas montrer la réalité derrière les apparences.

denizor
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les Meilleurs Films Argentins et Les meilleurs films argentins

Créée

le 28 nov. 2017

Critique lue 166 fois

2 j'aime

denizor

Écrit par

Critique lue 166 fois

2

Du même critique

Oiseaux-Tempête
denizor
8

Critique de Oiseaux-Tempête par denizor

Le monde appartient aux ambitieux et Oiseaux-Tempête ne nous propose pas un simple voyage post-rock mais une véritable Odyssée dans une musique qui n’a pas encore livré tous ses secrets. Album après...

le 10 janv. 2014

13 j'aime

Pain Is Beauty
denizor
8

Critique de Pain Is Beauty par denizor

Il est amusant de voir la promo de Chelsea Wolfe ramer pour définir la musique de la demoiselle : « drone-metal-art-folk » tel est le genre-valise utilisé pour catégoriser la musique de l’Américaine...

le 28 oct. 2013

12 j'aime

After My Death
denizor
7

Psyché adolescente et autopsie d'une société

Samaria ou Poetry, le cinéma sud-coréen est hanté par les suicidées adolescentes. Nouvelle pierre à cet édifice mortifère, voici After my death, premier film de Kim Ui-Seok. Glaçant. Kyung-min, une...

le 19 nov. 2018

11 j'aime