La nouvelle de Philip K. Dick "Souvenirs à vendre" fut déjà l'objet d'une adaptation en 1990 par Paul Verhoeven. Vingt ans plus tard, Hollywood en profite pour faire le remake de Total Recall. Pensant capitaliser sur le film de Paulo pour faire tourner la planche à billet. Mais au vu du résultat fade, con et pitoyable, on se demande si les producteurs et réalisateurs ont compris ce qui faisait l'attrait de l'original. Pas la peine de réfléchir, la réponse est non. Non, ils n'en avaient rien à foutre.

Lorsque le "Hollandais violent" adapta la nouvelle de l'auteur de science fiction, il avait déjà une sacré réputation. Il était connut pour être subversif, en témoigne son Robocop : un véritable "fuck off" à la société américaine. Dans le cadre de Total Recall, il détourne les codes du film d'action pour produire une œuvre ambiguë.


Au premier regard, Total Recall est juste un film de SF, saupoudré d'ultra violence et d'humour. Mais n'aller pas croire que c'est seulement pour flatter le spectateur avide d'action. Le réalisateur se sert des conventions du genre pour mieux appuyer son propos.

Le rythme soutenu du film consiste avant tout à perdre le spectateur. Ça bouge, ça se canarde, ça se tape à tout va, le spectateur est comme happé par le récit. On subit ce qui se passe à l'écran, tout comme le héros. Nous sommes largués, et c'est pour mieux nous prendre au piège. Verhoeven distille dans son film un mélange entre la réalité et des détails qui contredits celle-ci. Forçant le doute sur ce que le spectateur voit. La réalité est-elle un simulacre ?

Et c'est là le cœur du récit. L'histoire a finalement peu d'importance en elle même. Le réalisateur souhaite mettre le spectateur dans un état de trouble, d'incertitude. Et devant les doutes, avec un montage très énergique, le spectateur devient très vite comme le héros : perdu. Nous ne pouvons plus déceler la réalité du fantasme. Invitant par la même occasion, à de multiples visionnages pour tenter d'apporter des réponses.

Évidemment, le remake crache à la gueule de tout ça. En mode rien-à-foutre ! Bien sûr, il essaye de jouer sur le même registre que l'original. Mais le scénario, le montage dynamite le tout. A tel point que toute réflexion devient superflu. Qui a dit qu'on prenait le spectateur pour un con ?

Une critique par Stilgar du blog Format 35 (http://format35.blogspot.fr/)
overcube
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le 27 mars 2013

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