Il va falloir arrêter de faire des reboots pourris de bons films des années 80-90, les jeunes.
Total Recall est un film de science-fiction, repris d'un autre film de science-fiction (de Paul Verhoeven, en 1991), lui-même tiré d'une nouvelle de Philip K. Dick, "Souvenirs à Vendre". Un petit jeu de "téléphone arabe" créatif qui laisse dubitatif.
La promesse originale de cet univers est intéressante, ceci dit: tout tourne autour de la question des "souvenirs fabriqués". Que devient notre vie, notre histoire, nos souvenirs, s'il est possible de remodeler le passé de cette manière? Qu'arrive-t-il alors à l'identité de la personne? Et c'est bien ce qui est abordé dans la nouvelle de K Dick, où, souvenir implanté après souvenir implanté, le lecteur est laissé avec ce doute, entre réalité et fantasme. Ces souvenirs étaient-ils réels, ou est-ce précisément l'effet des souvenirs artificiels, implantés avec succès? Une ligne fine entre réalité et illusion, que l'on retrouvait également, d'une certaine manière, dans le film de Verhoeven.
Ici, le réalisateur prend des libertés avec l'univers. Le principe de base reste: un héros qui décide de se faire implanter de faux souvenirs, ce qui réveille de véritables souvenirs enfouis et qui se retrouve au cœur d'une sorte de conspiration. Mais le tout se passe dans un univers différent: suite à plusieurs guerres chimiques ayant laissé la majorité de la planète inhabitable, seule l'Angleterre, et sa colonie Australienne, sont encore habitables, et un (tenez-vous bien) tunnel, creusé par le centre de la terre (oui, vous avez bien lu), relie les deux territoires. C'est toute une dimension d'oppression d'un peuple colonisé par un peuple dominant qui se dessine, alors que les travailleurs se rendent en Angleterre par ledit tunnel tous les jours (une métaphore des banlieues de grandes villes peut-être, avec ce RER géant qui traverse le noyau de la planète (si, si, j'y viens).
En fait, il ne faut pas voir si loin. Si l'idée de changer l'univers et de proposer un nouveau paradigme de Terre futuriste n'est pas forcément mauvaise sur le papier, le tout reste malheureusement très superficiel, inexploité, mal construit et manque cruellement de plausibilité. Le scénario, une adaptation bancale du film de Verhoeven, n'a plus grand chose à voir avec la nouvelle de base, et ne sert que de prétexte à accumuler scène d'action ridicule sur scène d'action ridicule.
Un point crédibilité, tout de même. Je suis pourtant bon public d'habitude, surtout lorsqu'il s'agit de science-fiction teintée de dystopie. Mais, même avec juste mes souvenirs de cours de Lycée, leur tunnel qui traverse la Terre est juste scientifiquement impossible, et cette petite chose m'a gênée pendant tout le film. Si je me souviens bien, le machin, en chute libre, traverse la planète en une vingtaine de minutes. Alors, les gars, la vitesse de la chute libre, c'est, si on arrondit, 10 mètres par secondes. Et pour parcourir 12.000km en 20 minutes, il faudrait "chuter" à environ 10km par seconde. Juste une erreur d'un facteur mille, c'est pas grand chose... Sans oublier le fait que le noyau de la Terre chauffe entre 4000 et 5000°C, température à laquelle leur train à la con aurait fondu depuis longtemps, et les gens auraient cramé dedans (ai-je mentionné qu'il y avait une scène d'action où le héros se balade à l'extérieur du wagon en question, à 10km/seconde au centre de la Terre?) Je ne vais même pas parler de la puissance écrasante de la force de gravité dans le noyau terrestre, si? Ce n'est plus de la fiction, là, c'est du foutage de gueule. Ça me rappelle Vin Diesel qui s'asperge d'eau avant de courir sur une falaise sur Mercure à +400°C. Mais, au moins, Vin Diesel, il s'assume (et c'était bien drôle, les Chroniques de Riddick, quand même).
Ajoutez au mix des acteurs peu convaincants, une histoire inintéressante et un final à chier par terre, et vous avez, finalement, exactement ce qu'est ce film: une bouse commerciale. Le pire, c'est qu'il a sûrement rempli son office et rentabilisé l'investissement sans problème.