Le trou des Halles

Un petit groupe d'entrepreneurs américains décide de mettre au pas les tribus indiennes qui perturbent le développement du chemin de fer. Ils corrompent le Général Grant afin qu'il fasse appel au Colonel Custer (qu'il déteste pourtant), partisan de méthodes expéditives, pour qu'il règle définitivement le problème. Mais Custer est stupide et têtu, et il échouera lamentablement, se faisant tuer et avec lui toute sa troupe lors de l'affrontement final avec les indiens.

Tel est le résumé que l'on pourrait faire de la trame du film. En partant d'un fait historique, la bataille de Little Big Horn, Marco Ferreri invente une histoire délirante pour régler ses comptes avec la société capitaliste et plus généralement avec la nature humaine. Pour ce faire il utilise les gros sabots dont il est coutumier : dérision, excès en tout genre, mauvais goût, provocation.

L'idée de départ de Marco Ferreri est brillante, et sauve partiellement le film du désastre : utiliser comme décor le trou du chantier des Halles de Paris. Le réalisateur trace en filigrane un parallèle entre les massacres et l'exil subis par les indiens d'Amérique, et la destruction d'un quartier populaire historique de Paris, entrainant le déplacement vers la périphérie de ses travailleurs et habitants les plus pauvres. Tout cela pour construire un centre commercial, le (tristement) célèbre forum des Halles. Ferreri nous explique que la société capitaliste est raciste, et que le pouvoir réel est entre les mains de quelques instances économiques qui achètent et manipulent le monde politique, les médias, et toute la population.

Des idées intéressantes donc, mais la démonstration est malheureusement gâchée par le traitement cinématographique du réalisateur. Le scénario est paresseux, la mise en scène approximative. Les excès et les provocations ne font pas rire. Le jeu des acteurs, à l'exception de celui de Philippe Noiret, est extrêmement monotone, pour ne pas dire mauvais. Chacun récite son texte sans conviction et semble s'ennuyer ferme. Mais peut-être est-ce un parti pris délibéré de Ferreri ? Tous ces défauts de réalisation nuisent de mon point de vue à l'impact, notamment politique, du film.

Mais probablement que Marco Ferreri n'en avait cure, son objectif principal étant sans doute de choquer les bourgeois de l'époque, objectif qu'il a parfaitement atteint...