Il avait un autre style, le gangster, au temps des Trente Glorieuses, un panache, une élégance qu'on ne voit plus. Il n'hésitait pas à laisser une liasse de biffetons à sa restauratrice pour son affaire, s'il estimait qu'il risquait de paumer son oseille prochainement. Il saluait son ennemi quand il le croisait, sulfateuse en mains, au cours d'un échange pourtant forcé de richesses personnelles. Il restait aussi fidèle à son pote malgré ses maladresses qui lui coûtaient quelques millions de francs, sa retraite en somme. On n'en voit plus des comme ça.
Oh certes, son élégance prenait parfois des formes singulières envers les dames, qu'il pouvait gifler sans tiquer, moucher de quelques mots secs. Mais il ne manquait jamais de le faire avec classe, toujours en costard impec, le regard fier. Et ces dames aux jambes si parfaites semblaient malgré tout sous le charme.
Oui, le gangster français se vendait bien en ce temps-là, il soignait son image. Et il doit beaucoup à Gabin et Ventura, deux monstres sacrés.