Touki Bouki raconte l'espoir et les combines d'un jeune couple qui ne rêve que de s’échapper d'un Sénégal post-colonial qui, à leurs yeux, ne respire pas la modernité. Pour mener à bien leur projet, ils ont besoin de thunes et vont s'employer à trouver la maille nécessaire par des moyens peu scrupuleux. Entre humour décalé et caricature des personnages archétypaux de cette société de Dakar, Mambéty ne dénonce pas, il exprime les nouvelles aspirations d'une jeunesse écartelée. On y voit la fascination du réalisateur pour une société traditionnelle représentée ici par un traitement brut de l'image. On perçoit également la séduction qu'exerce la classe supérieure, sorte de bourgeoisie parvenue et suffisante. Le personnage du riche gay à qui notre héros subtilisera des vêtements est à ce titre cocasse et évocateur à défaut d'être très finement représenté. Ainsi donc, s'entrechoquent dans le film des images et des mouvements de caméra vifs et de nombreux plans longs, amples et composés comme des tableaux. A noter tout de même, la présence de longues scènes d’abattages d'animaux « pour de vrai » assez sanglantes et insupportables que ne renierait pas l'asso L214. Mais ce serait dommage de rater ce petit bijou … alors fermez les yeux et tout va bien se passer.