Bénéficiant d'une longue liste de précédents, la comédie est un genre qui a su faire les beaux jours du cinéma anglais. Humour pince sans rire, situations burlesques, personnages attachants, les exemples sont nombreux, de l'absurde des Monty Python au plus classique d'un Good Morning England, sans oublier les comédies à caractère plus social, dans la lignée d'un Full Monty. Oubliez donc toutes ses références, Touristes ne s'en approche d'aucune.
Ben Wheatley, le réalisateur, avait déjà créé le buzz cet été avec son Kill List, œuvre étrange et inclassable, quelque part entre le thriller, le film d'horreur et le polar, bénéficiant d'une mise en scène singulière qui lui conférait un certain charme. Malgré tout, le film n'avait pas plu à tout le monde, entouré qu'il était d'une aura un peu inquiétante et indéfinissable. La même chose peut être dite de Touristes. La mise en scène de Wheatley s'est assagi, ce qui plaira sûrement à certains, mais rend du même coup cette œuvre moins forte, moins marquante que la précédente. Écrit et interprété par le couple Steve Oram/Alice Lowe, dont il s'agit du premier scénario, ce film risque bien d'en dérouter plus d'un.
Tout d'abord, de par son classement dans la catégorie ''comédie''. S'il déclenche parfois une certaine hilarité par ses situations souvent grotesques et décalées, Touristes n'est pas vraiment drôle. Dérangeant, perturbant, parfois d'un goût douteux, il se rapprocherait plus du road movie violent, un peu à la manière d'un Bonnie and Clyde tout droit sorti de la campagne anglaise. On suit ainsi le parcours de ses deux anglais bien ruraux, avec leur barbe rousse et leur pulls tricotés maison, pris de frénésie meurtrière à la moindre perturbation. Une virée mortelle qui les conduira dans quelques uns des plus beaux coins d'Angleterre, renforçant la gratuité et la perversité de ces actes dans des décors souvent grandioses.
Déroutant à plus d'un titre, Touristes risque bien de renforcer la réputation singulière de son réalisateur. Moins frappant que Kill List, il risque cependant d'en décevoir plus d'un. En tout cas, amateurs de l'humour subtil ou absurde caractérisant nos voisins rosbifs, passez votre chemin.