Durant plusieurs années, le réalisateur Philippe Azoulay a cotoyé au plus près Claude Lelouch, dont l'amour du cinéma est fort et sincère. Contrairement à ce que l'affiche dit, ça ne dure pas sept ans, mais plus exactement trois années, du tournage de Salaud on t'aime qui s'est déroulé sur deux temps jusqu'à la sortie de Un + Une, où Lelouch voulait tourner trois films en autant d'années. Mais le bide du premier va quelque peu freiner ses ardeurs.
Comme je connais assez bien le cinéma de Lelouch et qu'il n'est jamais le dernier à s'envoyer des fleurs, le spectateur averti n'apprendra au fond pas grand-chose, son énergie à 77 ans qui use tout le monde, sa méthode de travail largement basée sur l'improvisation et qui rend Johnny Halliday plutôt perplexe, de très nombreux retours sur sa carrière, avec énormément d'extraits de ses anciens films, Un homme et une femme en tête. On dirait d'ailleurs que Lelouch a tout le temps un aphorisme dans sa poche, prêt à la balancer n'importe quand.
Sur la forme, je suis moins fan du documentaire, avec une reprise contemporaine du thème de Un homme et une femme à se crever les tympans, et un habillage parfois ringard, avec cette mappemonde qui montre à chaque fois où le réalisateur se déplace, avec un décompte partant à -1095 jours.
Au fond, je préfère les moments où il n'y a guère de contrôle, et où les gens se lâchent un peu plus. Notamment une confession terrible de Johnny sur son enfance (un prêtre a essayé d'abuser de lui), un pétage de plombs de Lelouch sur l'échec de Salaud on t'aime ou alors Jean Dujardin qui interrompt une prise de Un + Une, et il va s'en prendre au réalisateur Philippe Azoulay qui l'a déconcentré. Mais ne vous fiez pas au nombre de participations, certains très courtes, d'autres touchantes comme avec Francis Lai.
Mais on ne contestera pas une seconde la sincérité de Lelouch, pour qui la question de la mort revient très souvent quand il parle, et le nombre d'idées qu'il a, au point qu'il dépose au CNC chaque année 3 à 4 nouveaux scénarios, et ce depuis plus de 60 ans !
Je conseillerais le documentaire aux néophytes du réalisateur, mais rien que pour revoir sur grand écran la conclusion magnifique de Un homme et une femme, je suis content de l'avoir vu au cinéma.