Tous au Larzac [Spoilers]
1971 : Une centaine de paysans vivent avec leurs troupeaux dispersés sur le Plateau du Larzac. Les brebis paissent, les tirs fusent. Des commandos militaires français s'exercent dans leur base, au voisinage des fermes. Enquêtes, pétitions, plans, bientôt, le projet d'extension du camp s'impose. Une véritable milice se créé alors, bientôt rejointe par des centaines de sympathisants du pays : Les paysans du Larzac font la une des journaux. Si la prise du Plateau par le gouvernement et les militaires, à grands renforts d'enquêtes falsifiées et de guerre des clous, militaires et paysans grignotent alternativement du terrain sur l'ennemi.
Archives, intervenants, paysages se succèdent, et dévoilent chronologiquement une affaire méconnue de la génération 1990. Tous au Larzac, ou comment démontrer que la lutte contre le gouvernement est également possible avec des brebis, des tracteurs, des bâtons de marche et... des bulletins de vote. Peut-être que la durée de ce documentaire fut une prise de risque : il faut reconnaitre que le montage véritablement cyclique des paysages, interviews et images d'archives donne une tendance à se lasser rapidement. Mais ce récit, véritable biographie d'un projet polémique, reste cependant fluide, et l'attention du spectateur est régulièrement attirée par des événements coups de poing, tels le plastiquage d'une maison, ou le débarquement silencieux d'une foule de bottes en caoutchouc à Paris.
L'affiche provocatrice, oscillant entre douceur, nature et combat- et ce sont bien les éléments retrouvés dans le film – éléments apparaissant symboliquement sous les traits d'une brebis aveuglée par un casque façon Full Metal Jacket. On s'attendait peut-être à un documentaire davantage engagé, ou à un engagement plus visible rythmiquement. Mais après tout, qu'importe : le cinéma n'est pas uniquement réservé aux films à l'esthétique soignée, ou au scénario attractif. Son rôle est de faire passer un message, et Tous au Larzac, malgré ses quelques maladresses, répond à ce critère.