Tous en scène a sur le papier tout pour plaire : un L.A. haut en couleur et peuplé d'animaux aussi mignons qu'extravagants, un casting vocal (US) cinq étoiles, de la musique à tous les coins de rues, une réflexion sur les rêves d'art et de célébrité qu'on poursuit sans relâche, et le portrait d'un royal looser à l'ambition et l'optimisme plus grands que ses moyens ...
Et pourtant l'artificialité avec laquelle le film déroule son histoire, l'inutilité des sous-intrigues de ce scénario chorale, l'humour bas du front et très clairement destiné à un public d'enfants (américains), en font un divertissement rapidement lassant. Même l'intéressant Buster Moon n'émeut jamais, finissant même par agacer par son inexorable euphorie qui jamais ne révèle la part d'artiste raté et blessé dans son âme qu'il aurait pu être, sans jamais vraiment de rage ou de cynisme, et finissant presque par devenir antipathique dans sa détermination égocentrique et intéressée.
Et, comble, la musique, pourtant cœur de cette comédie musicale qui ne dit pas son nom, n'a jamais vraiment sa place, parce qu'abandonnée à une accumulation sans pause d'extraits (des dizaines de tubes qui s'enchaînent jusqu'à la nausée sans jamais se donner le temps), faisant de Tous en scène, à défaut du véritable spectacle annoncé, un medley fade et trop facile, qui malgré son potentiel évident, ne se donne jamais l'occasion d'offrir des ou même un moment de gloire (le spectacle final est, comble encore, cette fois-ci, trop long) , préférant se contenter d'une mécanique et trop simpliste construction, et d'effets trop gros.
Il y a bien des personnages attachants (en particulier l'odieuse souris Mike - l'excellent Seth MacFarlane, seul personnage un tant soit peu en relief du film, mais aussi le gorille Johnny, ou la truie Rosita qui, par la description sociale qu'ils offrent (légère tout de même, ne nous emballons pas), émeuvent (grâce aux voix de Taron Edgerton et Reese Witherspoon notamment).
Mais cela ne suffit pas à parler avec finesse du rêve américain et de l'acceptation de la diversité (ce qu'avait réussi un an plus tôt, le génial Zootopie).
Tous en scène est surexcité mais flemmard, et manque cruellement de fantaisie et de magie ; dommage car la promesse semblait belle, et la qualité de l'animation des studios Illumination était au rendez-vous. Mais à trop vouloir la jouer mignon, gentil et facile, le film devient tristement aseptisé, prévisible et ne jouant jamais avec l'intelligence de son spectateur (même les références "adultes" ne percent pas), parallèle naïf au plus cruel mais habité LaLaLand, sorti la même année.