A la fin de sa vie, un vieil homme se souvient de sa relation avec le maitre de la viole de gambe, une relation qui ne fut pas sans heurts.
Tous les matins du monde est un film dont j'ai longtemps repoussé le visionnage, car il faut dire que la viole de gambe, ça ne m'attire pas du tout, et j'avais peur du sujet, de son austérité... ce qui s'est avéré en partie vrai, mais j'en suis ressorti au final enthousiaste.
Ça se passe au XVIIe siècle, le joueur de l'instrument est interprété par un formidable Jean-Pierre Marielle, qui incarne à merveille cet homme rigoureux, janséniste, qui vit retiré de tout dans une cabane en compagnie de ses deux filles à la suite de la disparition de son épouse. L'idée de génie est aussi de faire jouer le rôle du disciple par Guillaume Depardieu, dont ce fut le premier rôle, et dont la version âgée sera interprétée par son père.
On retrouve la fougue, l'envie de dévorer la vie de son aïeul, mais aussi une certaine douceur, notamment quand il rencontre une des filles de Marielle, jouée par Anne Brochet. Notons aussi la superbe photo signée Yves Angelo, et la réalisation d'Alain Corneau où les plans ressemblent à des tableaux.
Mais, paradoxalement, c'est peut-être ça qui m'a gêné ; cette froideur, cette distanciation qu'on peut avoir avec le sujet, où l'herbe a l'air de pousser entre chaque phrase de Marielle. Sans compter la musique, c'est totalement subjectif, qui a tendance à m'agacer au fil du récit.
J'en retiens un délicieux récit d'apprentissage, entre deux hommes qui n'étaient pas voués à se rencontrer, jusqu'à la scène finale où ils se revoient bien des années plus tard. Je ne nie pas que Tous les matins du monde soit un beau film, mais je n'ai pas été touché comme je l'aurais cru.