Joyau de cinéma contemplatif où chaque plan est un tableau et chaque son une musique, le film de Corneau nous invite à ouvrir nos sens pour ressentir l’art coulé dans chaque élément. Isolé dans une cabane au fond d’un jardin verdoyant, un musicien endeuillé tente de se soigner par son art. Un jeune élève émérite viendra bientôt tenter de percer les secrets de son talent. Mais la musique, et l’art en général, n’est pas qu’une question de talent : encore faut-il savoir la ressentir. Car c’est dans la douleur que naissent les grandes œuvres.
L’interprétation est excellente, tout en subtilité, regards, non dits. On retrouve la grâce qu’étaient parvenus à capter Stanley Kubrick dans son Barry Lyndon ou plus tard Céline Sciamma dans Portrait de la jeune fille en feu. Encore une fois, c’est à travers son ambiance que le film nous emporte, tant le rythme délité nous permet de savourer chaque détail.
La photographie sous influence baroque, George de la Tour en tête, nous immerge dans un environnement aussi moite et touffu que peut l’être l’objet du désir convoité par le jeune artiste. Un désir de la chair assouvit qui l’empêchera un temps de comprendre pleinement la beauté de la musique. Les années passées, le poids des culpabilités, des remords et de la tristesse sur le corps, l’élève pourra enfin toucher le maître. “Que recherchez vous dans la musique ? - Je recherche… Les regrets et les pleurs.”