C'est l'histoire d'une femme prise entre sa position sociale et ses sentiments.
Cary est une assez riche veuve, très en vue dans la "bonne société" d'une petite ville américaine. Ses amies lui présentent de bons partis, mais elle n'en veut pas. Et elle va succomber au charme... du jardinier, nettement plus jeune qu'elle et d'une classe sociale inférieure.

Le film est basé sur une série d'oppositions :
_ opposition entre Harvey, le prétendant "officiel", et Ron Kirby le jardinier. Harvey est un vieux beau, qu'on devine riche, et dont la santé et les vieux souvenirs constituent les principaux sujets de conversation. Face à lui, Kirby est un roc (il apparaît comme un symbole de virilité, le col de chemise remonté, très carré d'épaules et plutôt avare de ses paroles).
_ opposition entre la "bonne société" de Stoningham et les amis de Kirby. D'un côté, ce sont les cocktails, l'hypocrisie, la cruauté, le rejet de tous ceux qui ne sont pas du même monde, l'oisiveté. De l'autre côté, c'est la chaleur humaine, la sincérité, le naturel et des relations plus saines. Il n'y a qu'à faire une comparaison : comment Cary est accueillie par les amis de Ron, et comment Ron est accueilli par la société de Stoningham (à ce titre, il faut dire un mot du nom de la ville, où on retrouve le verbe "lapider").

Jouer sur ce système d'oppositions, le film se déroule en deux parties strictement égales en durée : la 1ère s'arrête lorsque Cary cède enfin aux attentes de Ron. La 2nde nous montre la dure confrontation entre Cary et son entourage.
Le couple, qu'on avait déjà vu dans Le Secret Magnifique, est formidable. Jane Wyman sait merveilleusement bien donner une fragilité à son personnage, pour nous faire vivre, ressentir ses doutes et ses tiraillements. Rock Hudson a un jeu subtil, sobre mais remarquable.
La mise en scène est, là aussi, d'une grande subtilité. Tout est amené par petites touches, avec une grande évidence, sans jamais forcer le trait. Sirk compose de très belles images, en jouant sur des couleurs et des lumières magnifiques. De plus, la moindre scène est absolument nécessaire, le film se limite au strict minimum, ce qui lui confère un rythme plutôt rapide.
SanFelice
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le 20 juin 2012

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SanFelice

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