Il existe de bons films passant injustement inaperçus quand ils sortent en salles.
Mais on peut parfois avoir la chance de les (re)découvrir au détour de sites internet voulant mettre en lumière ces films n'ayant pas été vus par le public.
Tout en haut du monde fait partie de cette catégorie d'oeuvre.
Si l'histoire du film est très classique, à savoir une aventure consistant à rechercher un précieux McGuffin aux yeux du personnage principal, l'oeuvre n'en est pas moins intéressante pour plusieurs raisons.
Déjà, les visuels et l'animation sont atypiques puisque le film ressemble davantage à un tableau aux images en mouvements qu'à un film d'animation. On a l'impression qu'aucun coup de crayon n'a été appliqué sur les scènes du long-métrage où les dessinateurs/animateurs n'ont fait que des assemblages de couleurs pour donner vie à cet univers fascinant; univers rappelant un peu celui de Jules Verne étant donné que l'aventure se déroule au XIXe siècle.
Mais que serait un bon univers sans une histoire avec un très bon personnage principal?
Sacha est une héroïne très attachante. Jeune fille intelligente prisonnière du monde superficiel de l'aristocratie, elle parvient à s'en libérer mais au prix d'avoir une vie à la dure pour espérer atteindre son objectif. Il y a ainsi un gros contraste de classes entre les privilégiés et les gens du peuple.
Sans oublier celui entre les paysages terrestres peu dangereux et le froid glacial des mers de glace que doivent affronter les marins.
De plus, on montre l'héroïne obligée de faire face à un monde sexiste étant obligée de se prouver en permanence pour qu'on la respecte en tant que personne.
Quant aux autres personnages, par contre, ils n'ont rien d'exceptionnel mais sont quand même marquants de par leurs physiques tantôt imposants, tantôt minimalistes. Traits permettant de bien distinguer leurs personnalités/rôles.
-Le père stupide et trop sévère
-La mère douce mais passive
-L'universitaire arrogant et antipathique
-L'amie de l'héroïne faisant de la figuration
-La mère de substitution au caractère dur mais au coeur tendre
-Le Capitaine autoritaire mais conscienceux
-Le Second plus maladroit mais tout aussi conscienceux
-Les divers membres d'équipage unidimensionnels sans personnalités définies
-Le potentiel love-interest de l'héroïne
De plus, tous ces rôles sont interprétés par des acteurs réputés pour leurs talents respectifs: Christa Theret, Anselme Marouvin-Sacksick, Féodor Atkine, Loïc Houdré, Rémi Caillebot, Thomas Sagols, Rémi Bichet, Juliette Degenne, Bruno Magne, Cyrille Monge, Stéphane Pouplard, Boris Rehlinger, Marc Bretonnière, Delphine Braillon, Audrey Sablé ou encore Gabriel Le Doze.
Tous ces personnages du film sont mis dans une ambiance contemplative où l'intrigue n'est que prétexte à montrer des rapports humains aussi bien pour le meilleur que pour le pire.
Quand tout est calme, l'équipage s'entend bien mais dès que la nature chaotique mets en danger la survie des marins, la brutalité collective prend le dessus.
De plus, on montre également des rapports familiaux pas idéals entre une Sacha incomprise par sa famille et les deux, Capitaine et Second, ayant bien du mal à s'entendre.
Pour mieux illustrer ceci, la bande sonore de Tout en haut du monde est souvent aux abonnés absents.
En effet, Jonathan Morali n'a composé que très peu de musiques pour ce film voulant nous plonger dans une ambiance baignant dans un principe de réalité où des musiques extra-diégétiques n'ont pas leur place dans ce style d'oeuvre. Les rares occasions où le compositeur a montré son talent musical sont durant les scènes où le temps passe via des ellipses nécessaires à l'histoire.
Néanmoins, il y a des imperfections au niveau de certains choix musicaux. En effet, pour on ne sait quelle raison, les créateurs du film semblent s'être sentis obligés de mettre des chansons franchement pas géniales faisant très hors-sujet dans ce film contemplatif aux allures de cinéma expérimental.
Ah, puisqu'on en est aux défauts, parlons-en davantage. L'histoire mets un certain temps à démarrer pour de bon avec un début inutilement lent peu dispensable à l'histoire.
Le personnage du recteur est un méchant caricatural étant un intrus dans un film se démarquant, en grande partie, par son absence de manichéisme intéressante dans un film tout public puisque la plupart d'entre eux sont munis d'au moins un méchant très méchant.
_Quoique ces dernières années, des films tout public plus récents ne sont pas manichéens contrairement à ceux du passé_
Heureusement que le personnage en question disparait assez vite du film une fois l'élément perturbateur déclenché.
Mais le pire défaut est un final bien trop abrupt faisant plus résumé que véritable fin de film où tout est résolu trop rapidement comme si les créateurs du film voulaient achever rapidement le film car ce dernier commençait à les lasser.
Bref, un film divertissant et beau mais gâché par quelques imperfections dont on aurait pu se passer.