Passer de la neige angoissée de The Thing aux glaces féeriques de Tout en Haut du Monde en l'espace d'une quinzaine de minutes et de deux petites séances, c'est s'embarquer pour un voyage aussi immédiat qu'instantané vers le monde enchanté de l'enfance.
Dans les salles, d'abord, ou le pesant silence de quelques cinquantenaires à peine interrompu par quelques toussotements racleurs, tressautements graveleux et autres tressaillements désarticulés laissent place à l'excitation mutique d'enfants aux remarques impatientes pleines de sourires et d'innocences accompagnées du susurrement presque immédiat de leurs parents les implorant lentement de faire silence, sssssssshut. Le film va commencer.
Alors tout ce petit monde ouvre grand les yeux vers le grand écran dans cette grande salle et notre petit voyage vers notre lointaine enfance peut enfin commencer.
Plus qu'un voyage, c'est une fuite qui se met en place. Une fuite symbolisée par la petite Sasha qui ne supporte plus le monde adulte avec ses égos et ses ambitions et ses carrières qui mènent le bal de la vie de Saint-Pétersbourg, notamment celle de son père, pour qui la seule chose qui compte plus qu'avoir une bonne petite fille qui fasse bonne impression au soirées mondaines c'est de devenir ambassadeur, raison pour laquelle il veut une bonne petite fille qui fasse bonne impression au soirées mondaines.
Une petite Sasha, plus si petite que ça, d'ailleurs, une quasiment jeune adulte avec ses cheveux blonds et ses grand yeux bleus qui brillent toujours pour le souvenir son grand-père l'explorateur, pour son navire le Davaï et pour ses rêves d'explorations avec lesquels il l'a bercé depuis qu'elle l'était encore, toute petite. Un grand père depuis disparu, avec son navire, et ses rêve d'aventure à elle, dans une expédition vers le pôle nord, là-bas, tout en haut du monde, pour aller y planter un petit drapeau.
Alors la petite, qui n'est donc plus si petite que ça mais qui est en fait une quasiment jeune adulte, décide de plaquer la vie d'adulte qui l'attend pour aller chasser ces rêves de petites, son grand père, le Davaï, et le pôle nord. Une quête pendant laquelle elle va découvrir la vie, la vrai, celle où il faut se lever tôt le matin et se faire à manger et passer la serpillère et puis faire la vaisselle mais aussi faire des rencontres, et puis même de nouveaux amis, des marins, avec des gros nez, des moustaches, des barbes et des cicatrices, et peut-être même l'amour, et puis aussi devenir indépendante et forte et déterminée pendant qu'elle parcourra les océans illuminés par le soleil, balayés par la pluie et déchirés par les vents, et puis les glaces infinies du pôle nord et son impitoyable froid, ses énormes blizzards, ses éboulements mortels et ses ours blancs déchaînés, dans de jolies dessins, simplement rayonnants.
L'occasion de remarquer qu'il y a deux types d'enfant. Et puis non, qu'il y en a même trois. Ceux qui quittent la salle en larmes, refroidis par la perte d'un être cher retrouver congelé dans ces glaces perdues de tous, les autres, qui ressortent un grand sourire aux lèvres, inspirés par cette petite en fait jeune femme qui réussit à s'accomplir en réalisant son rêve de toujours et ceux qui dorment au profond de nous et que l'on retrouve le temps d'un voyage coloré enchanté vers le pôle nord et ses glaces éternels embrasées par un joli ciel jaune comme l'espoir de nos rêvent oubliés.