D'un graphisme abstrait, limité à quelques malins aplats de couleurs, Rémi Chayé tire un souffle épique, un univers riche, sublimé par des effets sonores immersifs, de très grande qualité. Aucun doute là dessus, Tout En Haut du Monde est une pépite esthétique, osée lorsqu'elle pousse encore plus loin dans son minimalisme.
Et pourtant, en ôtant le superflu de son image, le réalisateur n'en ôte pas les détails, les ambiances, les jeux de couleurs et de lumière, tout ce qui fait un voyage. Ainsi on aura rarement vu l'arctique aussi bien dessiné. Car là est aussi l'intérêt majeur du film ; de proposer à un public très jeune une intrigue complexe, où enjeux historiques, familiaux et récit d'aventure se rejoignent. En nous racontant l'histoire de cette princesse qui ne veut pas l'être, Chayé convoque autant Le Guépard de Visconti (dans une sublime scène de bal refusée) que les plus épiques romans de voyage russes de ces années là.
S'il y a peu à dire de ce film c'est peut être parce que, derrière sa simplicité d'image et de ton, tout est dit.