Jean-Paul Rappeneau ne fait pas de mystères sur son admiration pour la comédie américaine des années 1930, mais il ne s'en est jamais autant rapproché qu'avec Tout feu tout flamme, écrit pour une Isabelle Adjani qui voulait sortir de son genre dramatique pour tenter la comédie.
Elle est ici une jeune polytechnicienne, qui gère d'une main de fer ses sœurs dans l'appartement de sa grand-mère, quand débarque à nouveau dans sa vie son père, qui les avait quittés pour faire des affaires aux quatre coins du monde. Évidemment, elle se doute que ce retour, en apparence joyeux, ne se fait pas sans arrières-pensées de ce père si souvent absent...
Mettons tout de suite les choses au point ; Isabelle Adjani y est formidable ! Elle incarne une sorte de Katharine Hepburn des années 1980, avec son caractère bien trempé, mais qui n'hésite pas à faire gaffes sur gaffes quand la situation lui échappe, en particulier vis-à-vis de son père. J'avoue que sa prestation m'a fait sourire, car c'est si rare de la voir délurée, à en faire des caisses dans cette maladresse qui lui va si bien. Elle est pour moi l'âme de ce film, au point d'éclipser le pauvre Yves Montand, auquel le personnage du faux-jeton lui va si bien. Il y a aussi un côté narcissique chez l'acteur, qui veut constamment se prouver qu'il n'a pas 61 ans, en dansant, en s'affichant torse nu (et très bien conservé), et flirtant avec Lauren Hutton, bien plus jeune que lui. On retrouve aussi Alain Souchon et Jean-Luc Bideau.
Ce côté très rythmé, propre au cinéma de Jean-Paul Rappeneau, se retrouve dans le film qui va à toute vitesse, avec certes un dernier tiers un peu plus faiblard, mais qui permet par contre d'admirer de très beaux extérieurs. Sans cette dernière partie, à base de casino, un peu moins inspirée, on aurait là un film excellent, mais c'est déjà un très bon screwball comedy à la française.