Tout l'argent du monde par pierrick_D_

Rome,1973.Un adolescent,Paul Getty,petit-fils du magnat du pétrole J. Paul Getty,est kidnappé par un gang de calabrais qui réclament une rançon de 17 millions de dollars.Les parents du gamin sont sans le sou et le grand-père,riche à crever mais avare pathologique,refuse de payer en arguant des fluctuations du marché et du fait qu'il a de nombreux autres petits-enfants qui risqueraient à leur tour d'être enlevés s'il envoyait un mauvais signal en cédant au chantage.A la place,il dépêche en Italie son homme de main Fletcher Chace,un ancien de la CIA,qu'il charge de régler le problème.Encore une histoire vraie adaptée au ciné que ce fait-divers ayant en son temps défrayé la chronique.C'est le grand Ridley Scott qui s'y colle en tant que producteur via sa société Scott Free,et bien sûr comme réalisateur.Le film n'a pas eu énormément de succès mais le tournage a beaucoup fait parler en raison du licenciement de Kevin Spacey,interprète du vieux milliardaire et pris dans de sinistres affaires de moeurs,remplacé par Christopher Plummer qui a dû retourner toutes les scènes où apparaissait son prédécesseur.Cette affaire est bien oubliée aujourd'hui mais ce fut un feuilleton médiatique choc à l'époque du fait de la célébrité de Getty,réputé être alors l'homme le plus riche du Monde,et des péripéties ayant émaillé la longue détention de Paul.Le début du métrage est assez brinquebalant,la narration s'égarant en une myriade de flashbacks et flash forwards pas toujours utiles et des vieillissements ou rajeunissements des personnages peu convaincants,notamment ceux concernant Plummer qui a la même tête de vieillard dans les années 40 ou 70,ce qui s'explique sans doute par les circonstances de sa participation à l'oeuvre,le temps a dû manquer.Mais le récit prend sa vitesse de croisière à partir du moment où l'action se fixe sur l'enlèvement en lui-même,les conditions de vie de l'otage et ses relations avec ses ravisseurs,parallèlement aux agissements de Gail,la mère du jeune homme,et de Chace qui se démènent pour le faire libérer et tentent désespérément de convaincre le vieux grigou de lâcher ses picaillons.En dépit de leurs efforts la situation va dégénérer car Getty Sr ne veut rien entendre et les calabrais,une bande de criminels minables,perdent le contrôle des évènements au point de rétrocéder leur prise à un gang mafieux mieux organisé et plus puissant.Scott retrouve sa maestria et sa mise en scène fluide fait merveille,alternant les lieux et les protagonistes habilement afin de clairement définir les enjeux tout en gérant de multiples rebondissements qui font basculer cette histoire dans le thriller haletant.Il ne recule pas en outre devant quelques séquences très violentes,rares mais efficaces,allant jusqu'à l'horreur avec une ablation complaisamment filmée.On assiste en filigrane à un bras-de-fer sans merci entre le vieux J. Paul,un des types les plus monstrueux qu'on aie vu représenté à l'écran,et sa belle-fille prête à tout pour sauver son môme.Le milliardaire calcule tout au centime près,pinaille,lésine et va jusqu'à faire déduire fiscalement le paiement d'une rançon qu'il a par ailleurs déjà réussi à faire diminuer en marchandant et en laissant traîner les choses.Mais la scène la plus terrible est celle où il profite de la détresse de Gail en lui proposant de l'aider sous réserve qu'elle cède la garde de tous ses enfants à son ex mari John Paul II,un irresponsable feignasse,alcoolo et toxico.Le scénario développe en outre des alliances inattendues se nouant entre Chace,écoeuré par les méthodes de son patron et Gail,ainsi qu'entre John Paul III et Cinquanta,un de ses geôliers de la première heure et seul rescapé de l'équipe calabraise.Le jeune homme s'en sortira finalement mais sans jamais se remettre vraiment de cet épisode,et mènera une vie dissolue de jet-setteur buveur et drogué qui le conduira à suivre les traces de son père pour devenir handicapé et décéder prématurément.Il deviendra entre-temps le père de l'acteur Balthazar Getty.D'une distribution inégale ressortent les performances de Christopher Plummer,impeccable dans ce rôle qu'il ne devait pas tenir,qui exprime génialement la rapacité et la psychorigidité de Getty,dont le refus de payer s'expliquera en partie par un twist final concernant la gestion de sa fortune.Mark Wahlberg est formidable en homme de confiance buté et moins malin qu'il ne le croit et Romain Duris livre une prestation bluffante en truand dépenaillé accessible aux sentiments.D'autres sont moins inspirés,à l'image de Michelle Williams,l'insignifiance faite actrice,Andrew Buchan inexistant en Getty II ou Charlie Plummer,rien à voir semble-t-il avec Christopher,dont la mollesse flingue le perso déjà très passif du kidnappé.Notes et critiques de films de Ridley Scott publiées précédemment:"Alien:Covenant"-6,"Seul sur Mars"-2,"Cartel"-8,"Prometheus"-6,"American gangster"-8,"Kingdom of Heaven"-6,"La chute du Faucon Noir"-9,"Alien:Le 8ème passager"-9.Moyenne:6,7.