Un peu bancal, mais pas moins remarquable.

Tout près de Satan est une co-production américano-britannique, partagée entre Seven Arts Productions et la Hammer Film qui, célèbre pour ses films fantastiques, n’a pas moins œuvré dans beaucoup d’autres genres.

Le groupe de personnages engagés dans une mission « suicide » anticipe l’un des plus célèbres films de Robert Aldrich, Les Douze salopards réalisé huit ans plus tard en 1967.

Le film mélange plusieurs genres, le film de guerre bien sûr, le drame psychologique et, de manière très intéressante, car il est tourné dans les véritables ruines de Berlin qui n’est toujours pas complètement reconstruit ni déminé, le film documentaire. Cela amènera d’ailleurs le spécialiste du déminage, embauché sur place comme conseiller technique du film, à devoir s’absenter pour aller désamorcer des bombes réelles.

Le plus réussi dans Tout près de Satan, ce sont incontestablement les scènes de désamorçage des bombes qui se déroulent sans musique dans un silence absolu ou seuls s’entendent les légers grincements du câble utilisé pour ne pas être trop près de la bombe. Robert Aldrich réussi à créer une tension d’une rare intensité, du grand art ! Il ne serait pas étonnant que Kathryn Bigelow se soit inspirée de ses séquences pour son film Démineurs (The Hurt Locker) réalisé un demi-siècle plus tard en 2008 et qui obtint 6 oscars et un nombre étonnant d’autres récompenses.

Le travail sur la photo du chef-opérateur hongrois Ernest Laszlo est remarquable, tantôt franchement documentaire pour les séquences extérieures dans les ruines en journée, tantôt dans un style expressionniste pour les séquences nocturnes.

On sait qu’Aldrich n’était pas satisfait du film, les producteurs lui ayant retiré le final cut, et ayant monté le film sans son accord en supprimant une bonne trentaine de minute ce qui le rend parfois un peu bancal. Mais, même en l’état, il n’en reste pas moins remarquable.

Tout près de Satan est disponible dans une excellente copie en combo Blu-ray/DVD chez l’éditeur Rimini. Les nancéiens ont la chance de pouvoir l’emprunter à la Médiathèque de la Manufacture.