Le soir de ses 17 ans, Esteban meurt sous les yeux de sa mère en sortant d’un théâtre. C’est comme ca que commence ce chef d’œuvre. Brutal, cruel, âpre. Manuella s’en va alors à Barcelone, à la quête du père de son fils, et à la quête de son passé pour se reconstruire. C’est ce que l’on pourrait appeler un voyage initiatique, où Manuella se reconstruit à travers ses rencontres et retrouvailles, et les épreuves du deuil.
On retrouve dans Todo sobre mi madre les thèmes fétiches de Pedro Almodovar : le lien mère-enfant, la transidentité, la Femme, la mise en abîme (ici le théâtre plongeant alors ses acteurs dans un double jeu). De plus, pour rester fidèle à lui-même, Almodovar a fait de ce film une mine d’or de références culturelles : All about Ève (film de Mankiewicz, 1950) pour le titre, Un tramway nommé désir (pièce de théâtre de Tennessee Williams, 1947) pour la pièce qui rythme le film, ou encore Opening night (film de John Cassavetes, 1977) pour la scène de l’accident. C’est délicieux, c’est du Almodovar magistral.
Todo sobre mi madre, c’est encore une fois un film de Femmes avec un grand F. On les découvre via le prisme du monde artistique, de la transidentité, de la religion, de la maternité. Elles sont authentiques, lumineuses, faites de force et de failles, complexes, inspirantes. Cecilia Roth en Manuela, Antonia San Juan en Agrado, Penélope Cruz en Soeur Rosa, Marisa Paredes en Huma Rojo. Elles font de ce film un véritable bijou.
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