S’il y a un film de Jean Luc Godard à redécouvrir c’est bien celui là. Tourné quelques années après les évènements de mai 68, Godard et son complice Jean Pierre Gorin capte, souvent avec humour, le vent de révolte qui flotte encore dans les airs. Les ouvriers prennent leur patron en otage, sans l’aval de leur syndicat, les jeunes sèment la zizanie dans les supermarchés… Au milieu de tout cela , un couple en crise, un cinéaste frustré qui vit de la publicité (Yves Montand) et une journaliste américaine (Jane Fonda), le dialogue qu’ils abordent autour du travail, de la relation de couple et de la sexualité est à la fois beau, cru et pertinent. Le plan séquence incroyable situé aux caisses d’un supermarché met également en évidence la médiocrité de la société de consommation, le programme du parti communiste y est bradé pour 4,50 F. Fort heureusement la jeunesse viendra redonner un peu de chaos, donc de vie, dans ce triste tableau. Godard termine son film sur « Il y a du soleil sur la France » de Stone et Charden, illustré par des plans d’une zone industrielle dégueulasse. Ces plans auraient pu être tourné de nos jours. En 1975 la première crise pétrolière signera la fin des illusions et celle des 30 glorieuses, au moins pour un temps…