Un film de Godard ? Oui, effectivement. Qui a dit « incompréhensible » ? Ou encore « inaccessible » ou « trop cérébral » ? Peu importe les a priori de certains, limitons-nous tout simplement à décortiquer quelque peu l'un des fragments de l'œuvre d'un des cinéastes les plus importants de la Nouvelle Vague. Un petit rappel de quelques unes de ses œuvres les plus connues : « Pierrot le Fou » (1965), « A bout de Souffle » (1960), « Vivre sa vie » (1962), « Le Petit Soldat » (1963)...
1972. Les ouvriers d'une usine française se mettent en grève et séquestrent leur patron dans son propre bureau. Les grévistes acceptent sur les lieux la présence d'un couple composé d'une journaliste (Jane Fonda) et d'un réalisateur de publicités (Yves Montand), afin d'écouter leurs revendications.
Un des points forts de ce film est de bien analyser les rapports conflictuels entre chefs d'entreprise et ouvriers. Les problèmes liés aux conditions de travail sont ici dénoncés vivement au moyen, notamment, de situations visuelles et sonores pures. C'est-à-dire ? Il s'agit de séquences dont le contenu n'a d'autre but que d'être regardé et/ou écouté pour lui-même, faisant fi de tout le reste (la narration, entre autres). La scène montrant les différents étages de l'usine filmés en travelling en est un bon exemple. Cette vue d'ensemble donne au spectateur l'étrange sensation de plonger au cœur de la lutte des classes, et en même temps de porter un regard omniscient, clair, sur celle-ci. Camarade Godard, félicitations !
(critique parue dans le mensuel satirique liégeois "Le Poiscaille" en mars 2012)
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