La Bibliothèque nationale de France sert ici à Alain Resnais, petit maître de la Nouvelle Vague, de terrain pour ce sympathique exercice de style qu'est Toute la mémoire du monde
Son travail ethnographique se concentre donc cette fois sur cette gigantesquement forteresse où est archivé avec minutie des montagnes de livres auquels sont ajoutés trois millions d'autres écrits par an.
Resnais filme les diverses somptueuses salles du bâtiment gothique en utilisant des jeux de clair-obscur qui donnent des reliefs et de l'épaisseur aux différents éléments de la forteresse ainsi que de longs plans en contre-plongée ne se déplaçant que très lentement, comme si la caméra contemplait elle-même la Bibliothèque nationale.
Ces images donnent un fond parfait à la description du fonctionnement de la bibliothèque, l’archive ment et l'entretien des livres est organisée de manière très rigoureuse au point que même la température est réglée pour épargner la moindre infime égratignure aux livres.
Ces images labyrinthiques et grandioses donnent l'impression au spectateur de se balader dans un immense vaisseau en perpétuelle évolution où les livres sont enfermés pour l'éternité afin d'êtres préservés de l'oubli, de la procrastination ou encore de la destruction par des puritains.
Un passage du film nous montre que nous ne pouvons avoir qu'un bref aperçu des innombrables trésors qu'elle renferme en nous en montrant quelques-uns: comme le manuscrit des Pensées de Pascal Blaise, les écrits d'Emile Zola, le premier livre signé à Paris etc...
Le film est entaché malheureusement par une utilisation très grotesque du son et par une durée un peu trop courte alors que Resnais aurait pu en dire plus sur la Bibliothèque nationale.