« Toute la ville en parle » est sans doute le film le plus sous estimé de ceux que John Ford a réalisé dans les années trente. Il fut longtemps considéré par la critique comme du sous Capra, l’inventivité de ce dernier en moins. Certes de l’italo américain Ford a gardé le rythme trépidant et une élégance qui évite la balourdise et la stupidité. Toutefois, il peut aussi être vu comme une screwball comedy à la Howard Hawks, en particulier avec le running gag de la récompense. Mais le film développe surtout une ambiguïté assez étonnante dans la personnalité du petit comptable à qui endosser le rôle du gangster apporte désinhibition et un certain sentiment de puissance. Edward G. Robinson livre une performance exceptionnelle dans les deux rôles qu’il rend si différents qu’ils semblent être interprétés par deux acteurs distincts, sans aucun artifice de grimage. Jean Arthur est épatante de peps dans le rôle d’une fille moderne et lucide et les autres rôles font le job. Pour être complet John Ford réalise en film sans temps mort et les 93 minutes du métrage passent trop vite.