Cédric Saint Guérande est la star adulée du P.A.F depuis qu’il a remplacé le présentateur de J.T vedette ce soir du 11 septembre 2001. Mais les temps changent et le nouveau directeur de L.G.C – Julien Demaistre – entend bien rajeunir l’audience et surtout se débarrasser d’un C.S.G englué dans son culte de la personnalité. Mais voyez-vous, le chantre de cette institution télévisée n’a pas dit son dernier mot. Et tous les coups les plus bas sont tolérés dans ce monde sans foi ni loi – mais avec beaucoup trop de sigles – où réseautage et manipulation politique vont bon train.
Mais qu’est-ce que Denis Podalydès, le grand, l’unique Denis Podalydès aux 2 Molière est venu faire dans ce petit film à peine sorti et déjà oublié ? Malgré toute la sympathie que les enfants de la télé ont gardé à l’endroit de Michel Denisot, rien ne pourra justifier la misogynie gênante qui suinte de ce film dépassé, démodé et décérébré. Femmes réifiées et fantasmées, concierge bas-de-plafond et épouse faire-valoir grincheuse… quand on coche à ce point toutes les cases d’un sexisme patent, on se dit que les mouvements féministes ont échappé aux dinosaures du petit écran dont Denisot reste l’un des désespérants représentants.
Dubosc s’en sort un peu mieux. Déterminé et ingénieux, son personnage passe efficacement pour ce qu’on appelle vulgairement mais de manière terriblement parlante… un « gros con ». Le pacte faustien et le complexe narcissique qui transparaissent des choix de la star des J.T auraient tout de même mérité davantage de profondeur. Dubosc qui trimballe sa démesure, son hubris et son arrogance tout au long de ces 80 minutes de one-man show (c’est court, Dieu merci !) reste dans sa zone de confort. Et le scénario indigent ne fait rien pour élargir le propos bien trop collé à sa petite personne. Quid de la menace posée par l’émergence des réseaux sociaux comme source d’informations ? Ou du règne du politiquement correct ? Et le parasitage des fake news ? Ou tout simplement la crédibilité des JT d’aujourd’hui ? Un film dans l’air du temps, oui. Mais un temps révolu.
Reste une poignée de personnages haut en couleurs, du « tonton bonbon », médecin hyper-médiatisé au déluré Ministre de la Culture jet-setter, dans un jeu de miroir réel/fiction où chaque spectateur pourra reconnaître à loisir la personne à peine dissimulée derrière le personnage. Cela en divertira peut-être plus d’un.
Au passage, Denisot, qui n’est pas à une contradiction près, fait mentir la fameuse formule de Boris Vian qui apparaît en exergue du film : « tout ceci est réel puisque je l’ai inventé ». Rien précisément ne relève ici de l’invention. Et la triste réalité du monde médiatique ne semble plus intéresser grand monde.
L’ex-présentateur du Grand Journal confiait récemment que son premier film (parions sur son dernier !) racontait « l’histoire d’une solitude, comme souvent avec les gens célèbres. Ce sont des gens qui ont envie d’être aimés de tout le monde et qui ne pensent qu’à eux. »
C’est bien ça le problème cher Michel. Le monde ne tourne dorénavant plus du tout autour de ce patriarcat autocentré. Il a dépassé tout ça, certes insuffisamment, certes trop lentement. Mais, sans nul doute, il a surtout gommé Toute Ressemblance avec le monde d’avant.