On pourrait faire pas mal de reproches au film de Denisot, mais on est obligé de lui reconnaitre une certaine clairvoyance. Sachant que c’était perdu d’avance, il n’a jamais cherché à être drôle, conscient de ses atouts, il n’a pas cherché à être sympathique. Il faut dire que le film, réaliste à ce sujet, ne cherche en fait pas grand-chose. On pourrait donc facilement moquer son scénario de merde, son interprétation de connards ou sa production détestable mais ça serait rater l’essentiel car Toute Ressemblance s’il singe évidemment nos médias pour en faire une critique éventée, inoffensive et indécente se montre plus subtil qu’il ne pourrait apparaître au spectateur blasé que vous êtes. Les personnages sont bien sûr pris dans des péripéties qui ne nous regardent pas et qui n’ont aucun intérêt, là-dessus, pas de surprise, mais si le film a tout ce qu’il faut pour être une merde, il se révèle pourtant comme un étonnant voyage introspectif de la part de l’auteur. Car Toute Ressemblance n’est pas (que) ce lien attendu entre le personnage principal et un PPDA ou un Delahousse quelconque, non, car polysémique, le titre Toute Ressemblance marque aussi la proximité incroyable qu’il y a entre la détestabilité complète de ces personnages de merde et les auteurs de ce film. Qui sont-ils ces personnages qui s’agitent dans ce truc, si ce n’est une projection de ceux qui ont fait le film. En les montrant comme infects et cons à se faire piétiner la gueule à coups de talons, que nous dit l’auteur à propos de lui-même ? A travers cette histoire, c’est un appel au secours étonnant de la part de Denisot qui, au crépuscule de sa vie, étale sur 63 minutes l’inanité complète de ce qu’il représente. Toute Ressemblance entre ce que l’on voit, la nullité du spectacle, et ceux qui l’ont fait, n’est donc pas fortuite. Résumé par un film sans dialogue, sans humour et sans acteur, l’aveu de Denisot tartinant sa propre inutilité pourrait nous émouvoir.
Mais non, même comme ça, ça reste à chier.