Toy Story a déjà 20 ans, mais il ne cessera jamais d'être une référence. Ce qui en fait un chef d'oeuvre, c'est justement son ampleur, le fait qu'il soit toujours aussi poignant et captivant, malgré la technique plutôt simpliste par rapport aux Pixar des deux décennies suivantes. Ce film de 1995 est le commencement d'une des sagas les plus marquantes du cinéma et a confirmé le studio Pixar comme un des acteurs les plus novateurs du septième Art, tant techniquement qu'intellectuellement. Passant outre le fait qu'il soit le premier film entièrement fait en images de synthèses (ce qui reste incroyable, malgré le fait que ce soit devenu normal), Toy Story est le début d'une oeuvre centrée sur une chose: accepter la mort. Bien des personnes pensent que Pixar, étant donné que le studio produit des films animés, destine ses oeuvres principalement aux enfants. C'est faux, avec quelques exceptions, bien entendu... Accepter de mourir, donc. Oui.
Pour débuter, Toy Story traite de quelque chose de fondamental et c'est la raison pour laquelle il est toujours aussi touchant (je l'ai d'ailleurs revu au cinéma en Novembre 2015: mêmes émotions qu'il y a vingt ans!) : la peur d'être remplacé, i.e. la peur de mourir. Woody est un personnage très intéressant car dans ce premier opus comme dans les deux autres, il représentera toujours le côté sombre de la personnalité-entité des jouets (Buzz étant beaucoup plus positif et calme, par exemple, après avoir réalisé son statut). Bien que Mr Patate et le Cochon ne soient pas des plus sympathiques, Woody reste le personnage le plus pétri de doutes et ayant besoin de beaucoup de temps et d'épreuves pour évoluer. Dans le premier film, Woody a donc peur de voir que Andy, son propriétaire et considéré comme son meilleur ami ("You've got a friend in me...") se sépare de lui pour quelque chose de mieux. Il se sait donc périssable, représentant le passé, contrairement au nouveau jouet du futur. Les chansons de Randy Newman sont d'ailleurs incroyablement dures et permettent d'exprimer ses peurs les plus profondes ("I had lots of friends, now all my friends are gone"), qui se réalisent d'ailleurs. Tout le monde d'Andy se tourne donc vers l'espace en oubliant peu à peu le monde de Woody, qui ne peut rien faire d'autre que d'essayer de survivre. Prenant une tournure assez radicale (malgré lui?), la relation qu'il a avec Buzz s'envenime, ce qui a pour conséquence la perte de confiance que tous les autres jouets avaient pour lui. Alors non seulement Andy ne le voit plus comme son meileur jouet, mais en plus ses "vrais" amis ne lui font plus confiance et se mettent tous du côté de Buzz.
Ce dernier représente d'ailleurs également le conflit qui est né suite à leurs aventures: alors qu'il s'aperçoit n'être qu'un jouet parmi des milliers d'autres, il fait une dépression car doit aussi faire face à la mort. Star Command n'a pas besoin de lui, son laser n'est qu'une lumière et ses boutons que des gadgets inutiles! Dur à encaisser. Après cette première mort, Buzz en ressort donc plus fort et représentera toujours la lumière par la suite (face à Woody et ses pensées/actes plus sombres).
Woody doit lui se faire au fait qu'il ne sera pas éternellement aux côtés de Andy (chose qu'il prendra d'ailleurs très au sérieux dans Toy Story 2), mais il a encore un peu de temps avant de devoir réellement affronter la mort (Toy Story 3).