Toy Story 4
7.1
Toy Story 4

Long-métrage d'animation de Josh Cooley (2019)

Dernière suite en production avant un bon moment selon Pixar, Toy Story 4 est le septième des 11 films sortis par le studio cette décennie à ne pas être une propriété originale. Beaucoup avait bondi à l'annonce de ce film, moi le premier, après tout pourquoi toucher à une trilogie aussi parfaite, les risques étaient immenses, une trilogie d'exception gâchée par un quatrième volet dégueulasse, ce n'est pas chose rare. Après Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom et Lee Unkrich, c'est à l'inexpérimenté Josh Cooley combativité la tâche de redonner vie aux jouets d'Andy, ou plutôt ceux de Bonnie.


9 ans après la conclusion que représentait déjà Toy Story 3, ce quatrième volet nous offre une autre conclusion, comment réussir à faire deux conclusions de suite sans que ça ne fasse redondant ? C'est simple, en changeant le point de vue des adieux. Dans le 3, c'était la conclusion des jouets d'Andy, et avec son départ à l'université ses jouets devaient affronter leur séparation. Le 4 fait suite à ça en développant le point de vue de Woody, vis-à-vis de cette séparation, et du fait qu'il n'arrive pas à passer à autre chose, un peu comme un deuil ou une rupture, et en ça le film va offrir la conclusion de l'arc de Woody.


S'il était déjà le personnage principal des autres films, il évoluait plutôt au sein d'un ensemble, et chaque jouet avait un rôle à jouer. Ici le film est entièrement centré sur lui et les autres jouets sont là pour servir son histoire, un pari risqué qui fonctionne. L'ouverture du film nous fait vite comprendre que ce sera le cas, avec un flashback sur l'enfance d'Andy qui explique le départ de Bo et met en place tous les éléments à venir. Woody doit affronter tout un tas de choses dans ce film, ne plus être le jouet d'Andy, ne plus être le leader, pire, il commence à être abandonné, et se trouve pour mission de devenir le père spirituel de Fourchette, tout en jonglant avec ses sentiments renaissants pour Bo lorsque ces deux là se recroisent. Son arc est superbement traité et est de loin la plus grosse réussite de ce film, tout en faisant sens par rapport aux autres films, où sa raison d'être était toujours Andy, mais Bonnie n'étant pas Andy et ne l'appréciant pas de la même façon, il n'a plus aucune raison de continuer et se retrouve enfin libre.


Les autres jouets sont un peu en retrait, mais ont pour la plupart leur heure de gloire dans le film. Pour les anciens, Buzz reste au centre de l'action et bordel, que c'est toujours aussi jouissif d'entendre la voix de Richard Darbois dans ce rôle, après des années à être le second de Woody, il doit cette fois-ci tenter de prendre une place de leader, donnant lieu à d'excellents moments d'humour. A part Buzz, ils font un peu de la figuration, Jessie a de bonnes scènes mais n'est pas assez dans le feu de l'action avec Buzz et Woody (j'adore le personnage donc j'aurais aimé la voir un peu plus), mais son rôle reste assez important d'un point de vue émotionnel, en revanche pour Rex, Mr Patate, 2/3 autres, c'est le néant tant ils sont juste là pour être là. Après j'avais oublié que pour Mr Patate, c'est surtout dû au décès de Don Rickles, mais ça impacte tout de même le film. Le retour de Bo fait très plaisir par contre, et son personnage est beaucoup mieux développé que dans les deux premiers films, elle est à la fois badass et touchante, en parvenant presque à voler la vedette à Woody.


Quant aux nouveaux personnages, ils sont loin d'être aussi attachants que les anciens, ce qui est logique dans le sens où on les connaît depuis 24 ans cela dit. Fourchette est une addition sympathique, mais très imparfaite, central dans la première partie du film, il prend peu à peu du retrait pour au final ne plus servir à grand chose, donnant plus l'impression d'avoir eu affaire à un MacGuffin qu'à un vrai personnage. S'il est plutôt drôle par moment, il est aussi par la même occasion très saoulant, c'est marrant de le voir essayer de se foutre en l'air, mais quand ça arrive toutes les 2 secondes pendant 5 minutes, ça devient ultra lourd, d'autant que les questionnements sur la vie du personnage ne sont qu'effleurés et servent juste à approfondir le dilemme moral de Woody, et le faire partir à sa recherche aussi.


Le pire reste les inséparables (littéralement) Lapin et Canard, doublés en VF par Jamel Debbouze et Frank Gastambide. Je ne les trouvais déjà pas drôles dans les trailers, et dans le film, ils ont beau avoir quelques scènes hilarantes, ce sont des scènes qui reposent sur du comique de situation, donc pensée directement par Pixar. Dès que les deux ouvrent la bouche, c'est d'une lourdeur sans nom, et j'avais juste envie de les voir dégager le plus vite possible à chaque fois. C'est terrible car ils sont joués de base par Keegan-Michael Key et Jordan Peele, donc je suis convaincu que les dialogues étaient censés être drôles, mais avec la VF ça tombe totalement à plat.


Le nouveau personnage le plus intéressant est Gabby Gabby, l'antagoniste, introduite par une scène toute droit sortie d'un film d'horreur, puis développée intelligemment par la suite pour qu'elle ne soit pas qu'une simple méchante, mais juste une personne désespérée qui doit réaliser quelques actions moralement douteuses pour arriver à ses fins. Elle est en plus à l'origine d'une scène qui réussit l'exploit d'être à la fois hilarante mais aussi qui brise le cœur. Je regrette en revanche que son personnage soit limité, comme Fourchette, à faire avancer Woody dans sa quête morale.


Ensuite, ce sont toujours des acquis chez Pixar, mais la qualité visuelle du film est à tomber, et c'est toujours bon de le rappeler, que ce soit les jouets, les humains qui s'améliorent film après film, les environnements ou encore les effets, comme la pluie au début du film, c'est d'une beauté qui ferait passer tous les autres studios d'animation 3D pour des amateurs. Même chose pour les émotions, on s'attend toujours à finir en larmes à la fin d'un Pixar, et Toy Story 4 n'y manque pas, avec son final magnifique laissant penser que cette fois, c'est bien la fin, et que s'il y a un Toy Story 5 un jour, il ne ressemblera pas du tout aux 4 premiers.


Au final, on peut considérer ce 4ème volet comme le plus faible de la saga, mais il n'a cependant pas à rougir de la comparaison avec les autres, qui sont à un tel niveau qu'il était compliqué de faire aussi bien une fois de plus. S'il offre une conclusion parfaite à Woody tout en le réunissant avec Bo, avec une technique toujours impeccable, ses personnages attachants, du rire et des larmes, il est cependant limité par son sujet. L'émancipation de Woody offre une perspective nouvelle sur les trois volets précédents, mais pour arriver à ce point mentalement, il doit passer par diverses tribulations et rencontrer nombre de personnages qui ne sont là que pour le faire avancer vers sa réalisation qu'il n'a plus besoin d'appartenir à quelqu'un, plutôt que d'être des personnages qui marchent bien d'eux-même, du coup ça me paraît un peu plus artificiel que les autres films. Ça et la VF des deux lourdingues font que ce film n'est pas tout à fait au niveau de la trilogie, mais reste une très bonne entrée dans la saga, qui finit ce qu'elle avait commencé il y a 24 ans.

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le 28 juin 2019

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KiraYagami

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