L'unique long-métrage du réalisateur Andy Walk constitue une jolie surprise dans le registre du polar érotique hollywoodien - surtout au vu de sa médiocre réputation.
Certes, on est clairement dans le domaine de la série B, avec des approximations à tous les niveaux (interprétation, mise en scène, scénario), mais "Traces of red" assume son statut de divertissement sans prétention, concentré sur son récit policier accrocheur et bien ficelé, alternant habilement fausses pistes et vrais indices.
Hélas, quand je dis "bien ficelé", c'est valable jusqu'à la dernière scène, qui vient tout foutre par terre avec un ultime rebondissement artificiel tombant clairement à plat, venant gâcher la belle impression d'ensemble. Cela dit, rien n'empêche de "zapper" ce twist supplémentaire absurde, en considérant que le film s'achève à la fin de la séquence précédente.
Malgré un casting composé de seconds couteaux, l'interprétation se révèle honorable, à l'image du trio central : ainsi, j'ai bien aimé la prestation de James Belushi dans ce rôle de flic dragueur et perturbé, tandis que Tony Goldwyn et son regard vide offrent une ambigüité bienvenue au personnage du partenaire loyal et heureux en ménage.
Même Lorraine Bracco, une comédienne que je n'ai jamais appréciée, se montre plutôt à son avantage en garce indépendante et lubrique (pourtant elle héritera pour ce rôle d'une nomination aux Razzie Awards).
Avec sa voix-off introductive et sa structure en flashback, à la manière des grands classiques du film noir, le scénario du britannique Jim Piddock parvient à diffuser une bonne dose d'angoisse et de mystère.
Par ailleurs, le décor insulaire de Palm Beach apporte une touche de glamour appréciable, bien mis en valeur par quelques jolis plans aériens. La bande originale à base de saxo et de synthé achève d'ancrer le film dans les années 80, bien qu'il soit sorti en 1992.
En dépit de ses mauvaises notes et de sa faible notoriété, "Traces of red" reste donc à mes yeux un bon divertissement policier, du moins si l'on est amateur de ce genre de petites séries B, comme la décennie en a produit de nombreuses.