Le film de Cyril Endfield est d'un bout à l'autre empreint de brutalité: brutalité des scènes d'action, brusquerie dans les rapports entre les personnages. Mais quoiqu'exprimant un exercice de mise en scène intéressant, c'est une démarche qui m'a semblé vaine parfois tant il manque au film une véritable densité dramatique.
Cette histoire de routiers se bagarrant plus ou moins loyalement entre eux à la recherche de la performance aurait mérité une approche plus humaine et davantage de sens. De sorte que le mouvement vrombissant et répété des camions tourne, contrairement à la fonction naturelle du routier, quelque peu à vide.
La compétition à laquelle se livrent les chauffeurs -c'est à qui chargera et déchargera le plus vite son camion et cumulera le plus de parcours- donne forcément du rythme au récit, et les excès de vitesse comme les excès d'orgueil en sont les incidents. Malgré certaines belles intentions du réalisateur et un indéniable réalisme dans le décor général du film, les personnages restent plutôt superficiels, représentatifs d'un univers d'hommes mais assez peu de la classe sociale qui est la leur.