Lors d'une vente aux enchères, Simon, commissaire priseur, réussit à sauver le tableau du braquage dont il était l'objet, mais reçoit un violent coup à la tête. Il perd la mémoire et les braqueurs avec qui il s'était associé entendent retrouver la toile...
Après ce que je considère comme son meilleur film aux côtés de "Trainspotting", "127 Heures", force est de constater avec joie que Danny Boyle a gardé intact ses principes de mise en scène : la caméra de travers, les jeux de lumière, l'assemblement de couleurs formant de véritables peintures flash, les reflets, etc... Le cinéma de Boyle s'exerce ici en parfaite harmonie avec toutefois une petite différence cette fois. Les gimmicks visuels du cinéaste sont cette fois remplacés par un pur sens du cadre et de la photographie, délaissant un peu les incrustations d'enregistrement devant l'objectif, entre autres, pour des utilisations parfois strictement narratives. L'histoire justement, voit un braquage lors d'une vente aux enchères qui se déroule sans réelle embûche à part le simple détail que le tableau en question a disparu lors de l'opération. Un imprévu qui servira de postulat à Boyle pour bâtir une mise en scène souvent virtuose, imprégnée de l'esthétisme habituel du cinéaste tout en l'adaptant au besoin du film de casse. Certaines scènes rappellent même quelques oeuvres du bonhomme, comme la tête éclatée de Cassel faisant écho à la scène du bébé au plafond dans "Trainspotting" et le final évoquant celui de "Sunshine".
Mais très vite, Boyle s'éloigne du genre pour y assembler un film de... casse-tête. Un peu à la manière de "Inception" à la différence près que le film de Nolan avançait prudemment entre les niveaux de réalité et de rêve avec attention. "Trance", moins subtil, envoie à la figure et multiplie les hypnoses jusqu'à l'abandon de l'intrigue. Là repose à la fois tout l'intérêt du film mais aussi son point faible. La perte des repaires narratifs est une sensation d'autant plus délicieuse que Boyle l'assène avec tout son talent visuel et sa musique toujours très bien trouvée. D'un autre côté, on ressent dans "Trance" une histoire qui finit par faire du surplace, recyclant tout au long des hypnoses les mêmes gimmicks de mémoire jusqu'à l'apothéose. Un ventre mou en milieu de film, qui, sans alourdir le rythme du film, l'empêche lors de quelques micro scènes de devenir aussi stimulant qu'il aurait dû l'être.
Toutefois, "Trance" s'achève dans un final dantesque qui résume toute l'audace de l'entreprise en ne choisissant ni happy end ou bad end. Un simple point mystérieux, qui refuse de s'adonner à la classique fin de tous les films qu'il côtoie sans cesse.
Si "Trance" loupe la perfection, on peut s'estimer heureux d'avoir toujours un Danny Boyle fidèle à soi même pour assurer le spectacle, aidé d'un casting restreint mais tellement classieux, James McAvoy en tête.