Trois sentiments se succèdent à la vision de Trance, trois états successifs de désolation devant le dernier film catastrophique d'un Danny Boyle à bout de souffle. Si son ambition était de surpasser Steven Soderbergh et son soporifique Effets secondaires, c'est réussi. Si au contraire, le cinéaste prétendait nous renverser avec un thriller haletant, dont l'intrigue à tiroirs allait nous trouer le cul, c'est totalement raté. Scénario brouillon, mise en scène zéro, Trance est un échec.
La première partie se regarde. C'est laborieux, mais ça se regarde. L'explication face caméra manque de subtilité, le hold-up s'appuie sur des effets lourdingues, mais l'ensemble fonctionne à peu près. On devine cependant que le film ne tiendra pas la distance. La machine donne déjà des signes de faiblesse. Les engrenages tournent à vide, les personnages ne sont pas convaincants, les situations deviennent de plus en plus improbables. Le tout s'achemine vers un free style aucunement maîtrisé, incohérent, mal rythmé, bancal. L'ennui s'installe. Nous ne sommes pas hypnotisés, mais endormis. Alors qu'on pouvait espérer comprendre [un peu, rien qu'un peu] le mécanisme subtil de l'hypnose, on réalise qu'il n'en sera rien, le scénariste l'utilisant en surface, comme prétexte facile à son récit tordu.
L'indulgence et l'ennui vont bientôt laisser place à l'agacement. Soit Boyle se moque de nous, soit il se plante totalement. Dans tous les cas, c'est une catastrophe. La dernière partie s'embrouille en voulant nous embrouiller. Qui est hypnotisé, qui ne l'est pas, qui roule qui, qui mène la danse ? Il suffit à Rosario Dawson de dire deux mots puis de claquer les doigts pour que n'importe qui soit à ses ordres. C'est ridicule. Les mecs serrent les fesses, Rosario montre sa chatte, et on se dit que Boyle se fout définitivement de notre gueule. Tout ça jusqu'au twist que l'on croit final, avec voix-off narrative, flash-back pesant, procédés dignes des plus mauvais téléfilms. Ce n'est malheureusement pas fini, on a droit à tout : les mecs qui veulent baiser Rosario, le cadavre qui dort tranquille dans le coffre de l'Alfa pendant des semaines, les explications foireuses sur le pourquoi du comment... Puis le supplice se prolonge sur le mode festival de poupées russes... on n'en peut plus.
Le seul intérêt du film ? Revoir le trop rare James McAvoy. Il est charmant et fait tout son possible pour croire à son personnage. Pas grand chose à dire sur les autres. Vincent Cassel s'autoparodie en brute à tête de con, tandis que Rosario Dawson ne comprend rien à ce qu'elle dit, ce qui n'est pas de sa faute - on n'aurait pas fait mieux. Sinon elle montre sa chatte [déjà dit] et ses seins, Cassel son torse viril et ses jambes [pourquoi pas], McAvoy ses [jolies] fesses et ses beaux yeux, comme ça tout le monde est content.
Hey, Danny ! Tu fais comme Steven, tu prends ta retraite ?