Transcendance par Hugo Harnois

C'est pour maintenant, la machine a dépassé l'être humain. Par son hubris la plus démesurée, l'homme a atteint un point de non retour, et une ère nouvelle est en train de voir le jour. Celle de l'avènement technologique. Quand Will, un brillant scientifique se fait tuer, sa femme décide alors de le connecter à une machine douée de conscience pour que son esprit perdure. Mauvaise idée.

La volonté de dénoncer l'avancée toujours plus rapide de la technologie au détriment d'un humain de moins en moins autonome est toujours intéressante, mais les trop nombreux raccourcis scénaristiques rendent ce récit irrationnelle. Alors que l'entité Will est omniprésente grâce à la puissance d'Internet, comment se fait-il qu'il ne s'aperçoive pas du plan de ses ennemis ? Doublé d'un scénario lourd et indigeste composé de gros mots scientifiques pour paraître sérieux, Transcendance désenchante à plus d'un titre.

Nonobstant un casting alléchant, on est déçu par un Johnny Depp qui nous fatigue avec un jeu désincarné et antipathique, tandis que Rebecca Hall n'est crédible dans le drame qu'à moitié. Idem pour l'homme qui tient les commandes, Wally Pfister, qui n'est autre que le directeur de la photo de Nolan (Insomnia, Le Prestige, The Dark Knight). Le réalisateur en herbe nous livre ici un récit sans réelles ambitions, tant scénaristiques que formelles, et c'est bien dommage.

L'homme veut être immortel, d'accord, et maintes films se sont inspirés de cette réalité pour en faire de très belles œuvres de science-fiction. Ici, tout est plat et rien n'avance, de sorte que le public s'impatiente de voir un décollage narratif qui ne prendra jamais son envol. « Blabla » sont les derniers mots de Depp avant qu'il ne se fasse tirer dessus. C'est également la sensation qu'on aura en sortant de cette salle obscure : avoir assister à du vent.