Coquille vide
J'ai beau tourner ça dans tous les sens, tentant vainement de m'accrocher au minimum d'affection que je lui porte, je ne parviens pas à définir Transfiguration autrement que comme une coquille vide...
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le 31 oct. 2016
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Le mythe du vampire trouve toujours sa place au cinéma, et aujourd’hui les déclinaisons sont nombreuses. Présenté à Cannes 2016 dans la sélection Un Certain Regard, le réalisateur américain Michael O’Shea choisit le conte macabre pour le constat d’une réalité sociale. On est bien loin du romantisme de Dracula de Coppola, ou Entretien avec un vampire de Neil Jordan, mais plutôt dans la tranquillité de Only lovers left alive de Jim Jarmusch et le ton de Morse de Tomas Alfredson.
Une ambiance contemplative et austère, une musique perturbante et une photographie lugubre pour ces zones urbaines, pointant le désœuvrement, jouant parfois du style documentaire. Rien de bien nouveau puisque le genre se voit assez couramment désormais, notamment dans les polars où la caméra à l’épaule renforce le réalisme cru des situations. S’ajoutent des décors dépouillés et des couleurs ternes qui renforcent un certain malaise.
Milo, (excellent Eric Ruffin) imposant et inquiétant, reste constamment dans la gravité et le film repose sur sa performance. Dommage d’ailleurs que les autres thèmes ne soient que survolés.
Un rapport à la guerre et à son traumatisme avec son frère Lewis, le rôle de la police et le gang du ghetto, pour quelques scènes en filigrane mais qui finalement, répondent au choix du cinéaste de se concentrer sur le personnage de Milo, ses rapports sociaux, la mise en place de son « plan » pour se sortir de sa situation et sa rencontre avec Sophie (Chloe Levine) pour une romance/amicale d’où viendra peut-être la rédemption.
Le flou est constant, ce qui permet à défaut d’un vrai rythme d’avoir du suspense. Dès l'introduction le ton est donné, pourtant le cinéaste va nous perdre oscillant d'un point de vue à l'autre.
Seules quelques scènes sanglantes, rapides et violentes, viendront ponctuer l’errance de notre jeune Milo pour lequel la tendance à la sympathie n’empêche pas de vérifier sa dangerosité, sans que ce soit le film d'horreur auquel on peut s'attendre.
Milo est un jeune homme solitaire qui semble ne pas éprouver de sentiments. Traumatisé par un deuil, il lit tout ce qui traite du vampirisme, et regarde toutes les œuvres cinématographiques. Il fait des recherches pour établir les règles du bon vampire, comprendre et accepter son état. Il coche son calendrier pour justifier de ses sorties nocturnes mais ne semble pas éprouver de plaisir. Il ne sourit pas, ne rit pas non plus, ne se défend pas. Introverti, psychologiquement atteint, Milo regarde fixement le monde et les autres de ces grands yeux froids. Un personnage qui semble hors du temps.
Milo est un vampire, de ceux qui ne craignent pas le soleil ou autre gousses d’ail, mais il n’a pourtant aucun pouvoir..Il est un vampire réaliste.
Mais l’est-il vraiment ou n’est-ce que le fantasme d’une double identité salvatrice ? N’est-il pas simplement un adolescent perturbé par sa sombre réalité et qui bascule vers le meurtre ?
Jouant de quelques moments plus optimistes et teintés de quelques dialogues plus légers, il est surtout question du bien et du mal, de vie et de mort, de l’adolescence et du passage à l’âge adulte. Michael O’Shea nous laisse dans une certaine ambiguïté et déroule sa narration, plaçant la résolution dans le fait-divers, s’intégrant parfaitement au déroulé de son l’intrigue, nous rappelant à la réalité.
Un film à voir pour ce premier métrage du réalisateur, profondément mélancholique et mortifère, pour une découverte si ce n’est passionnante fortement recommandable.
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Créée
le 22 sept. 2017
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