« He wants us to get in the car. » SAM WITWICKY

Le producteur Don Murphy veut réaliser un de ses rêves de gosse, il veut produire un film sur ses jouets d’enfance : les G.I Joe. On est alors dans les années 2000, en pleine administration de George W. Bush, durant la guerre en Irak. Autant dire que HASBRO lui demanda gentiment de choisir une autre gamme de jouet.

Il choisira la gamme de jouet Transformers.

Steven Spielberg s’intéresse au projet et devient lui aussi producteur. Il propose quelques directions pour mettre les choses en route, dont notamment l’angle « un garçon et sa voiture » qui est au centre de l’intrigue. Cela commence bien, et tonton Spielberg engage Alex Kurtzman et Roberto Orci. Les deux scénaristes sont à plaindre puisqu’ils se retrouvent partagés entre deux visions du film : d’un côté la vision tout public de Spielberg, de l’autre celle de Murphy qui voulait un ton sérieux proche du film catastrophe.

La mise en scène est proposée à Michael Bay, lequel déclina d’abord l’offre, peut enclin à filmer un spectacle pour enfants à base jouets. Il fini par céder après insistance, non sans réécrire le scénario au passage afin d’y apposer sa griffe (il avait déjà travaillé avec Alex Kurtzman et Roberto Orci sur son The Island en 2005). L’ironie ? Il ajouta de nombreux passages mettant en scène l’armée, dont un groupe de soldats clairement inspiré des jouets G.I. Joe.

Steven Spielberg avait déjà produit The Island en 2005 avec Michael Bay, Alex Kurtzman et Roberto Orci. On retrouve donc la même équipe. Pourtant, le résultat du scénario est une tambouille assez indigeste qui combine tous les défauts de ses créateurs. Une aventure multipliant les personnages secondaires et donnant trop d’importance à des sous intrigues cherchant à combiner le sérieux voulu par Don Murphy avec l’humour du metteur en scène. Il ne reste que peu de place pour les Transformers, lesquels se retrouvent surtout dans un rôle de soutien pour les protagonistes humains au lieu de tenir la vedette. Leurs personnages sont pour ainsi dire inexistant et parfaitement interchangeables, à l’exception de Optimus Prime et de Bumblebee, les plus reconnaissables et les seuls à vraiment interagir avec le reste du casting.

Sam Witwicky ne rêve que de deux choses dans la vie : avoir une belle voiture et une belle copine. Lorsqu’il déniche Bumblebee sous la forme d’une vieille Camaro défoncée, il tente aussi sec d’emballer la sublime Mikaela mais va se retrouver malgré lui au centre de la guerre entre Autobots et Decepticons. Le concept est clairement de faire dans la comédie et les enjeux graves des Transformers luttant pour leur survie cède la place à des blagues vaseuses et de la romance bâclée. Bumblebee fait le coup de la panne pour permettre à son conducteur d’emballer la demoiselle, la maman de Sam pense que son fils se masturbe lorsqu’il communique secrètement avec les robots et l’héroïne tombe amoureuse d’un claquement de doigt sans que son prétendant n’ai fait quoique ce soit pour la faire craquer.

Les Autobots ne débarquent qu’au bout d’une bonne heure pour expliquer la situation aux spectateurs, et la première chose qui en pâtit et la relation entre Sam et Bumblebee qui est censée être le cœur du film. Certes les deux se sauvent mutuellement la vie et les dialogues laissent à penser qu’ils tiennent l’un à l’autre, mais pratiquement rien à l’écran ne témoigne de cet attachement.

Ce sont bien les Transformers qui méritent l’attention, puisqu’ils se montrent autrement plus divertissant lorsqu’ils sont enfin utilisés : course-poursuite sous fond de rock entre Barricade et Bumblebee, baston de robots géants sur une grande autoroute, guerre ouverte en plein centre-ville, Starscream qui affronte un escadron de F22, etc…

Les affrontements osent même être violent, sans doute à la demande de Don Murphy : Optimus Prime décapite ses adversaires, Bumblebee perd ses jambes dans un bombardement, Jazz est coupée en deux par Megatron, etc…

Quel dommage alors que ces combats se résument à une bouillie numérique où il est impossible de dire quel robot apparaît à l’écran. La faute à la caméra qui les suit de trop près, rendant parfois l’action illisible, mais aussi à leurs designs surchargés.

Difficile de trouver les visages des Autobots et des Decepticons, de déchiffrer les expressions faciales. Peu de diversité également dans les colories, et si l’on peut identifier celui qui est jaune de celui qui est vert, la plupart abordent les mêmes tons gris métallisés. Certains meurent, d’autres survivent, et le spectateur confus n’en éprouvera aucune émotion (on a quand même l’Autobot Jazz qui y passe).

Dans le rôle de Sam Witwicky, c’est le talentueux Shia LaBeouf repéré dans Even Stevens (la maison voisine des Stevens est celle des Witwicky dans la série) qui arrive aisément à flouter la ligne entre l’acteur et le personnage, se montrant agaçant sans que l’on sache si cela est voulu ou non. A ses côtés une jeune Megan Fox, engagée pour son alchimie avec Shia LaBeouf, qui n’a malheureusement rien à faire. Le film élude complètement son personnage et la pauvre se contente d’être jolie, ce qu’elle fait très bien. Michael Bay en est bien conscient et attarde parfois la caméra sur son corps, multipliant les vues plongeantes sur son décolleté.

Inutile aussi le pauvre Josh Duhamel, pseudo G.I. Joe sympathique qui aurait pu faire un meilleur héros si il ne disparaissait pas pendant le film. C’est pourtant Steven Spielberg qui est venu le chercher après avoir visionné un épisode de Las Vegas dans lequel son personnage venait de rentrer de la guerre en Irak.

Steven Spielberg a aussi conseillé Shia LaBeouf qui sera, un an plus tard, le fils de Indy dans Indiana Jones and the Kingdom of the Crystal Skull. Quant à Michael Bay, il ramène avec lui Jon Voight et Glenn Morshower qu’on a pu voir dans ses Pearl Harbor en 2001 ou The Island en 2005. Il faut noter aussi que Megan Fox avait fait une apparition non crédité dans le Bad Boys II de Michael Bay en 2003.

Et enfin il y a John Turturro, acteur habituellement irréprochable qui a pourtant décidé de partir en roue libre, cabotinant à mort et devenant vite difficile à supporter. De son propre aveu, il s’est inspiré du comportement de Michael Bay pour jouer son personnage.

Transformers rapporta tant d’argent qu’il fut en fait l’un des films les plus profitables de l’année 2007 et permis à Michael Bay de produire d’innombrables suites. Après les défauts que j’ai énuméré, pourquoi un tel succès et pourquoi ça a marché sur moi ?

Est ce que parce que, étant gamin, j’étais fan de Beast Wars : Transformers ?

Je ne sais pas, mais une partie de la réponse se trouve dans la musique. Le compositeur américain Steve Jablonsky retrouve Michael Bay après The Island sur ce blockbuster réussi et assumé en composant un score électronique décomplexé à la fois rythmé et atmosphérique, avec de longs développements en crescendo. Toutes ses compositions sont excellentes et j’ajouterais qu’il y a du Linkin Park dans la bande originale.

Transformers semble former une entité artistique plus complexe à appréhender que ne le suggèrent les jugements négatifs. A l’image de son réalisateur controversé, la film évolue presque constamment entre le pire, le meilleur et le médiocre. Un curieux cas, qui a le mérite de mettre en lumière certaines contradictions de son propre public. Tout comme les failles et les qualités d’un homme, Michael Bay, et d’une industrie hollywoodienne à la fois débilitante, régressive et en perpétuelle recherche d’innovations.

StevenBen
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le 23 mai 2023

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Steven Benard

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