Taylor Swift contre Fantomas

Le début du film est plutôt sympathique, on a une amorce de huis clos paranoïaque où le personnage principal se sent pris au piège tout en devant garder les apparences devant sa fille. Puis, comme notre anti-héros, on voit autour de nous les signes annonciateurs de la catastrophe à venir ; ça commence par les plans bien lourds pour surligner chaque effet, la disparition graduelle de toute ambiguïté, la musique ultra appuyée jusqu'à l'écroulement du scénario.

Comment croire à ce plan si parfait lorsque les flics ne s'intéressent absolument pas à cet homme proche de la scène, à quelques dizaines de mètres de la seule issue possible, qui colle à leur description ? Et que ces mêmes flics n'interrogent pas ce type alors qu'il s'en va de manière fort suspecte avec la chanteuse ? Ou quand plus tard on nous fait le coup du "oh non le méchant était ailleurs pendant que tout le monde regardait un costume de flic en forme de méchant ? Et que dire de cette sublime fin, faisant honneur au metteur en scène de 6e Sens, où le tueur attrape au nez et à la barbe de dizaine de flics de quoi déverrouiller ses menottes avant de nous gratifier d'un rire face caméra digne du jeu outré de Marky Mark dans Phénomènes ?

Niveau mise en scène, c'est vraiment très bourrin, aucune opportunité au spectateur de chercher les clés de l'intrigue, tout est montré en gros plan quand c'est important pour l'histoire, des coupures rapides, bref, niveau téléfilm. Le seul partit pris un poil intéressant est de filmer le concert à la première personne, on a là les seuls moments où on se sent un peu dans la peau du tueur, perdus au milieu de cette grosse machine froide.

Mais le film est également d'un manichéisme délirant, en opposant la figure de cette popstar innocente et pure à celle du tueur monstrueux et torturé. C'est d'un ridicule consommé, en témoigne ces séquences de vision où notre personnage principal voit sa maman qui était très méchante.

La sortie de piste est quasi totale, le film ne tient même pas son huis clos, pour basculer dans une traque soporifique dans le dernière acte, jusqu'a une scène post générique pathétique.

Ce sera probablement le dernier Shyamalan que j'irais voir en salles, son cinéma régresse dans les abymes depuis le sursaut Glass.