Irritation game
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le 17 août 2024
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Bon.
Ça faisait des semaines qu’on se faisait bouffer par la bande annonce de ce film (plutôt sympa en soit) mais au vu des déceptions blockbusteriennes de cette année, j’avoue que, de mon côté, l’attente n’était pas des plus pressantes.
Monsieur la nuit nous pond une énième œuvre, quelques semaines après celui de sa fille. Le synopsis ? Un tueur en série père de famille qui emmène sa progéniture voir un concert pop d’une artiste/chanteuse en vogue. Sauf que la police avec un grand P (l'armée même disons le) veille au grain après qu’elle ait appris la présence du Boucher, bien que la profileuse en charge de tout le procédé ne sache pas précisément de qui il s’agit. S’en suit donc une chasse à l’homme chelou, dangereuse, approximative et franchement peu discrète comme vous l’aurez deviné. Puisque les profils sont assez élargis, je vous laisse deviner le bordel …
M’enfin. On se prend vite au jeu malgré tout et toute la première partie du film est plutôt réussi selon moi. J’ai aimé le décalage entre l’exaltation du public/de l’événement et la mise en place du système policier qui, à juste titre, pèse de plus en plus sur le père découpeur de chair. Les focales sur son visage de plus en plus paniqué, le contraste des lumières de la scène et de la panique croissante du personnage principal est intéressant. Il y a un chouette travail sur la lumière je trouve. La tension monte doucement et ce n’est pas désagréable. Sauf qu’on voit déjà pointer les défauts de la fin du film. En effet plus le trame avance, plus les situations sont tirées par les cheveux et petit à petit on perd le fil …
C’est simple, à partir de la seconde moitié de l’œuvre on part sur la suite d’Insaisissables : des ta gueule c’est magique en veux tu en voilà. Le mec change de tenue en un claquement de doigt au milieu d’une rue alors qu’il est poursuivi par toute la police de la ville (dans une bagnole en plus), alors que sa baraque est encerclé par les militaires il s’avère qu’il a une planque qui l’emmène dans la maison des voisins (mais wtf ??!) et je vous fait la politesse de ne pas tout vous dévoiler (parce que ce serait presque bête de ne pas aller vous en rendre compte par vous même tant c’est stupide à certains moments) … La dernière scène est tout aussi pathétique.
Le fait de filmer une traque dans un concert nous laissait présager pleins de bonnes idées mais comme tout bon film gros budget américain qui se respecte fallait qu’on foute des retournements de situation à tire-larigot sur le final alors que franchement, y en avait absolument pas besoin … Le début se suffisait à lui même. On aurait pu encore plus creuser son rapport à la famille, à sa fille qu’il aime (intéressant de voir justement qu’il défend sa gamine face à un autre parent mais on en fait pas grand chose par la suite, dommage ça aurait pu creuser sa complexité), à sa personnalité semble-t-elle complexe. Y avait tellement de choses à raconter en terme de mise en scène dans un espace clos comme celui ci. Le rapport à la pression, à cet étau qui se resserre. Ça aurait pu partir dans un trip psychologique où la paranoïa prend une place de plus en plus importante … Mais non, juste une base fragile et incohérente puis le surplus de n’importe quoi.
Puis, bon, son rapport à sa mère est traité n’importe comment. On dirait que c’est écrit par un type qui a vu une vidéo médiocre de tueur en série dans les tréfonds de YouTube. Au secours …
Dommage. Une bonne idée mais gâchée par le spectaculaire abrutissant d’Hollywood, là où on aurait pu rester cloîtrer dans cette salle de concert à subir la folie d’un homme mêlée à une foule euphorisante … Le spectacle de la fille du réalisateur se suffisait à lui même.
4,5/10
Créée
le 10 août 2024
Modifiée
le 10 août 2024
Critique lue 23 fois
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