Trap
5.5
Trap

Film de M. Night Shyamalan (2024)

Avec Trap, Night Shyalaman, le réalisateur qui a révolutionné le cinéma de suspense avec Le Sixième Sens (1999), rend un hommage vibrant au style visuel et narratif de Brian De Palma. Dès les premières scènes, Shyalaman captive le spectateur par une mise en scène rappelant le célèbre plan-séquence de Snake Eyes (1998). Plutôt que de se limiter à une simple imitation, il s’approprie les techniques de cadrage et les jeux de profondeur qui ont fait la renommée de De Palma dans des œuvres telles que Blow Out (1981) et Body Double (1984).

La première partie de Trap se distingue par une rigueur technique indéniable, chaque scène étant orchestrée avec une précision millimétrée. Avant et arrière-plan se répondent dans une danse visuelle qui intensifie la tension narrative. Cependant, à mesure que l’histoire progresse, le film semble s’enliser dans ses propres pièges, accumulant des incohérences qui affaiblissent la solidité de l’intrigue. Shyalaman, tout en jouant avec des éléments hitchcockiens, flirte parfois avec le grotesque, rappelant l’excès de Psychose (1960) sans en atteindre la profondeur psychologique.

Toutefois, il serait réducteur de juger Trap uniquement à l’aune de son scénario. En tant que réalisateur, Shyalaman semble assumer la part quasi burlesque de l’intrigue dans une optique de pur divertissement. Il semble ici jouer avec les conventions du genre, cherchant moins à créer un drame sérieux qu’à offrir un spectacle visuel et émotionnel où l’absurde se mêle au suspense pour former un ensemble captivant, bien que parfois déroutant.

Ce qui sauve véritablement le film, c’est la performance remarquable de Josh Hartnett. Son interprétation, à la fois intense et nuancée, insuffle une profondeur émotionnelle à un personnage complexe et tourmenté, parvenant à maintenir l’intérêt du spectateur même lorsque le récit vacille. Hartnett, par son jeu subtil, réussit à compenser les faiblesses d’un scénario qui, par moments, semble davantage préoccupé par l’effet que par la cohérence.

Cependant, son personnage de tueur censé incarner l’antagoniste central, déçoit par son manque de consistance. Construit autour d’un cliché psychologique simpliste – celui d’un traumatisme d’enfance et d’une mère sévère – ce personnage peine à convaincre. Sa crédibilité s'en trouve affaiblie, et ce qui aurait pu être une figure véritablement menaçante se réduit à une caricature sans réelle force dramatique.

Malgré ses imperfections, Trap demeure un divertissement efficace. Shyalaman prouve une fois de plus son talent pour créer des atmosphères angoissantes et des retournements de situation inattendus. Cependant, en cherchant à imiter le style de De Palma tout en s’autorisant une part de grotesque, il semble parfois se perdre dans une ambition excessive, laissant le spectateur partagé entre l’admiration pour la forme et la perplexité face au contenu. Mais après tout, peut-être est-ce là l’essence même de Trap : un thriller qui embrasse le burlesque pour offrir une expérience cinématographique à la fois déstabilisante et divertissante.

elrenardo1
7
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le 23 août 2024

Critique lue 10 fois

elrenardo1

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