Avec Treize vies, papi Ron Howard signe un nouveau film coup de poing. Le réalisateur américain, qui a soufflé cette année ses 70 bougies, compte déjà une longue carrière de succès populaires derrière lui (Un homme d’exception, le Da Vinci Code, Star Wars Solo, Rush, Horizons lointains...).
Bon nombre de ses films sont des biopics, et il n’est donc pas étonnant de le voir s’emparer d’un fait divers glaçant, celui du sauvetage miraculeux d’un groupe de 12 enfants de 13 et 14 ans (une équipe de foot locale) et de leur entraineur, piégés plus de 10 jours dans une grotte thaïlandaise en 2018. Cette grotte, c’est Tham Luang, l’une des plus grandes du pays (10 km de boyaux étroits), accessible à pied durant la saison sèche, mais fermée pour inondation durant la saison des pluies. Un terrain de jeu particulièrement prisé des enfants. Nous sommes en juin, fin de la saison sèche, mais de fortes pluies éclatent subitement et annoncent le début prématuré de la mousson. Les enfants et leur entraîneur, en pleine exploration de la grotte, se font surprendre par la rapide montée des eaux, et se réfugient sur une « plage » située à 1,5 km du point d’entrée, l’un des endroits les plus élevés de la grotte. Dehors, les secours s’organisent et devant l’ampleur du défi, les responsables thaïlandais font bientôt appel aux meilleurs plongeurs du monde spécialisés en grottes sous-marines.
Cette histoire vraie a sans nul doute inspiré le cinéaste, lui qui a pris l’habitude depuis le début des années 2010 d’alterner un film de fiction avec la réalisation d’un documentaire.
Fait plutôt rigolo, Treize vies est sorti (directement sur Prime Vidéo, malheureusement pas au cinéma) à peine 6 mois après La Grotte, le magnifique documentaire d’Elizabeth Chai Vasarhelyi et de Jimmy Chin sur… la même histoire. Bien que l’un soit un documentaire (Jimmy Chin s’est rendu sur place au moment des événements) et que l’autre ait choisi un angle fictionnel, la proximité des deux films oblige à la comparaison.
Tout d’abord, il faut noter que les deux films sont d’une similarité troublante. Ils arrivent tous les deux à générer une atmosphère stressante, angoissante, voire asphyxiante (OK c’était facile…). Ensuite, notons qu’il y a extrêmement peu de différences entre la trame scénaristique de l’un et de l’autre – preuve s’il en est qu’Howard a réalisé un gros travail d’investigation et a voulu coller au maximum à la réalité. La géographique de la grotte est respectée, les péripéties des plongeurs sont suivies à la lettre, et les horaires de chaque nouvelle phase du plan de sauvetage sont les mêmes. Si les deux films n’avaient pas connu une sortie si rapprochée, on aurait pu croire que Treize Vies était un remake (quasiment scène par scène) de La Grotte.
La petite différence que l’on peut noter concerne l’organisation de certaines équipes « bis » de sauveteurs. La Grotte se concentre surtout sur la tâche quasi insurmontable des plongeurs (Jimmy Chin et sa femme Elizabeth Chai Vasarhelyi sont spécialisés dans les documentaires de sport, et ont reçu l’Oscar du meilleur documentaire pour l’incroyable Free Solo sur le grimpeur Alex Honnold). Treize vies passe un peu plus de temps avec les équipes extérieures, notamment celle d’un géologue qui a pour mission de dérouter les ruisseaux dévalant la montagne afin d’empêcher les infiltrations d’eau dans la grotte.
Entre les deux films, je dois avouer que mon cœur balance plutôt pour le documentaire. L’aspect fictionnel – impliquant le tournage de scènes en studio, avec une équipe de techniciens beaucoup plus importante – aurait dû rentre Treize Vies encore plus impressionnant que son prédécesseur, mais les deux films (très réussis tous les deux) se valent en termes d’intensité.
Le gros avantage de Treize Vies est sans aucun doute son casting, emmené par l’exceptionnel Viggo Mortensen et le formidable Colin Farrell. Deux monstres du cinéma, qui interprètent ici brillement les deux plongeurs britanniques appelés à la rescousse.
Malgré sa durée de plus de 2h20, on ne s’ennuie jamais devait le film, qui donne à plusieurs reprises des frissons d’excitation. Treize Vies est sous doute l’un de mes Howard préférés et montre que malgré l’âge, le bonhomme a encore de la bouteille (d’oxygène!).
Et vous l’aurez compris, je recommande chaudement à ceux qui ont apprécié Treize Vies de se pencher sur son pendant documentaire La Grotte (disponible sur Disney+) !