J'ai attendu d'avoir vu deux fois ce diptyque sorti début mai avant d'en dire quelques mots car c'est tellement vaste, sinueux, qu'une seule vision n'est pas suffisante pour saisir, même un peu, la richesse de ce qui nous a été donné à voir, à ressentir.
Ce premier volet est fidèle à ce qu'affectionne le collectif argentin El Pampero Cine qui comme dans le gargantuesque "La Flor" déclare sa flamme au cinéma, à la création, au romanesque. C'est un peu comme s'ils écrivaient le film sous nos yeux, emmêlant et démêlant les fils d'un scénario fou, qui semble en permanence se poser, et nous poser, les questions suivantes : « Qui devient qui ? Qui invente qui ? », « L'histoire de qui nous est racontée ? ». De celui qui écrit ou de celui qui est écrit ?
Ainsi c'est tout le pouvoir de l'imaginaire qui est glorifié, l'histoire d'amour nait par correspondance cachée dans des livres et contamine par procuration les "enquêteurs", par un simple plan sur une table de bar on crée l'émotion du souvenir, par un travelling accompagné d'une musique on bascule dans un film de SF qui aurait pu exister...
Voilà avec ce collectif tout est brouillé, décalé, pour que s'installe le vertige. Jusque dans les rôles qu'ils s'échangent d'un film à l'autre. Ainsi la productrice de "La Flor" est ici réalisatrice, scénariste et actrice, la merveilleuse interprète de "La Flor" Laura Paredes l'est à nouveau ici mais endosse également le rôle de scénariste, le réalisateur de "La Flor" se fait monteur et aide à l'écriture, etc.
Bref c'est de l'aventure, du romantisme, du fantastique dans la seconde partie qui complète la première sans la poursuivre réellement, et ça donne parmi les expériences de cinéma les plus stimulantes qui soient.