Trenque Lauquen (partie 1) incite d'emblée le spectateur à se dépouiller de ses repères habituels : une femme disparait, oui, mais nous ne sommes pas chez Hitchcock, et il convient d'oublier les notions de rythme et de linéarité, dans un récit qui en contient d'autres, en flashbacks, sous forme d'enquête ou de fantasmes. La trame du film est riche et semble emprunter des chemins réalistes avant de bifurquer et de se rapprocher d'une forme de fantastique, à croire que David Lynch a fourré son nez dans le scénario. Plus qu'à un film, Trenque Lauquen a l'apparence d'un feuilleton qui quitte son axe central pour mieux y retourner, dans ces mystères de la pampa. Ce qui prime, c'est le voyage plus que la destination, c'est l'atmosphère et les rencontres et cette permanence du romanesque à travers des lettres, des photos anciennes et des histoires que l'on imagine. C'est aussi un road trip circulaire, qui finit toujours par revenir à son point de départ. Le film n'est pas lent, il est rempli de mille un détails anodins et de personnages écrits avec amour et humour. Où donc a disparu Laura ? La réponse à cette question initiale a perdu peu à peu de son importance, n'en déplaise aux amateurs de thrillers. A la place, et en creux de plus en plus plein, ce sont deux personnages de femmes qui se dessinent, prises au piège et libres de s'évaporer. A suivre, dans Trenque Lauquen, deuxième partie.