Bridget Jones chez les Soviets
Sabina vit avec sa mère et sa grand-mère, dans le Varsovie de 1952, encore douloureusement éprouvé par la Seconde Guerre Mondiale ( les références à l'insurrection sont ainsi pléthore ). Ses deux ascendantes désespèrent de lui trouver un mari, à elle la jeune fille réservée. Mais voilà qu'un beau soir, elle dégotte elle-même un prétendant, le beau Philip Marlowe, euh Bronislaw.
J'avais vraiment envie d'aimer ce film. Mais, non pas qu'il soit franchement mauvais, il est plutôt décevant. Pour commencer, la traduction du titre de l'oeuvre ( mais on ne peut pas le reprocher à l'équipe du film ), Rewers, signifiant Inverse, ce qui est bien plus signifiant.
Pourtant, la réalisation est très correcte, avec un beau travail sur les lignes, tantôt brisées, tantôt s'arrondissant. Borys Lankosz semble avoir une vraie passion pour les parallèles, qu'il filme avec goût. Il a aussi une manière de trouver des angles de vue originaux, de faire bouger sa caméra, sans nervosité, pour bien cerner les expressions des personnages.
Mais c'est justement là que le bât blesse. Les acteurs adoptent vite un jeu stéréotypé : la grand mère acariâtre mais bienveillante, la mère trop possessive, la jeune fille effacée et maladroite, le Bogart de contrefaçon ... Dommage, car les dialogues sont pourtant bien ficelés.
Par contre, l'intrigue est cousue de fil blanc. Certes, le propos est aussi que l'oppression Stalinienne pousse l'horreur jusqu'à s'introduire dans les passions privées, voir à les déterminer. Mais le scénario ne se montre pas inventif pour un zloty. S'autorisant même quelques facilités un peu regrettables.
Le manque d'imagination est vraiment le défaut de ce film (particulièrement la symbolique en gros sabots), qui n'arrive cependant pas à être antipathique, même si il nous inflige parfois une musique un peu irritante, quand elle n'est pas hors de propos. On appréciera, outre les touches d'humour noir allégeant l'atmosphère, la photographie noir et blanc, réussie, et la charge toujours bienvenue contre le Stalinisme. Les beaux personnages féminins, même si ils sont mal campés. Mais il manque définitivement ce petit surplus d'âme qui fait qu'un film captive de bout en bout.