La bande-annonce nous promettait un Heat des années 2010, un film de braquage musclé, un thriller nerveux, aux personnages ultra badass : en somme un film de gangster comme ces dernières en manquent cruellement.
Et pourtant ce n'est évidemment pas cela.
De ce film qui se présente comme une sorte de film chorale, sans véritable personnage principal, on attendait une véritable confrontation insidieuse au sein même d'une équipe de policiers, un concert d'acteurs à gros bras.
Indépendamment chaque acteur est excellent. Mais le concert de tous sonne faux, semble sans aucune direction et donne à l'intrigue un aspect parcellaire et sans tension. Les acteurs sont honnêtes, donnent le meilleur d'eux-mêmes, sont convaincus, pas convaincants.
On aurait pu penser qu'enfin Casey Affleck aurait du charisme.
Raté.
On aurait pu penser la prestation secondaire de Woody Harrelson d'ores et déjà culte.
Raté.
On aurait pu penser Clifton Collins Jr. le seul à amener aux personnages un visage psychopathe. Encore raté.
On s'excitait à l'idée de voir Kate Winslet au cœur de l'intrigue, dans le rôle d'une méchante mafieuse. Et pourtant c'est là encore raté...
Ce qui donne le résultat tragique d'un film uniquement basé sur ses personnages, personnages qu'on se prend à ne pas aimer une seule seconde, pour qui on ne ressent rien et dont le destin quasi unanimement tragique ne nous émeut pas. Et ce malgré les tentatives désespérées pour nous attendrir (l'intrigue secondaire, avec le fils enlevé d'un des personnages, inutilement ridicule).
Seul Norman Reedus, en quelques minutes de présence à l'écran, provoque quelque chose, nous attendrit, nous touche, et son destin que l'on ne comprend pas (pourquoi cette mort ?) nous fait sensiblement chier ; merde ! c'était le seul personnage qu'on aimait bien, bien loin de son frère, l’insupportable Aaron Paul, à baffer dans ce rôle qui ne lui va pas du tout et dans lequel il est tout sauf crédible.
Le rythme global ne prend jamais, est terriblement mal géré, et malgré quelques scènes tendues et réussies (le braquage d'ouverture, que l'on aurait aimé encore plus intense, ou encore le second braquage, en duo, ou enfin l'attaque dans les quartiers chauds), le reste est trop bavard, faussement compliqué, sans véritables enjeux, qu'une mise en scène inégale souligne ; on hésite entre les travellings maîtrisés et classes et la caméra à l'épaule brouillonne.


Le résultat est donc sans appel ; Triple 9 est un film médiocre, mollasson et paresseux, plus western flemmard et contemporain que le thriller qu'il promettait d'être.
On en conclut donc une chose : il nous manque toujours le vrai film de gangster des années 2010.

Charles Dubois

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