En 1936, alors que le nazisme commence à faire parler de lui, un jeune général russe vit en exil sur Paris, accompagné de son épouse grecque. Il vit sur un fait qu'il veut faire croire, ou qui est réel, tout repose là-dessus ; il dit à qui veut l'entendre qu'il est un espion travaillant soit pour les Russes, les Allemands, voire une organisation terroriste française nommée La cagoule. Il est tellement peu prudent, sûr de lui, que sa parole va être prise au sérieux et qu'il va en payer le prix fort, ainsi que son épouse.
Après L'anglaise et le duc, Eric Rohmer revenait à un style plus classique, tournage en pellicule au format plein écran, avec un minimalisme qui lui sied davantage. Car au-delà de la période, c'est avant tout le pouvoir de la parole qui est questionnée dans ce film et les conséquences qui peuvent en découler. Tout le plaisir entre guillemets est de savoir si cet homme, joué par SergeRenko (qu'on avait vu dans Les rendez-vous de Paris) ment, se crée une couverture, ou est dans le vrai, en étant peut-être un triple agent.
C'est clairement un film d'espionnage à la sauce Rohmerienne, en grande majorité en studio, où l'image ressemble à ce qu'on se pourrait se faire dans tout ce qui touche à des complots. C'est parfois entrecoupé d'archives (réelles) sur la situation française et européenne de l'époque, avec la montée en puissance des courants fassistes. Car oui, et c'est un fait historique avéré, on ne prononçait pas forcément fascime quand on a découvert ce courant, et il est important que Rohmer rétablisse une vérité historique linguistique étrangement passée sous silence.
Peut-être que le rythme est un peu trop alangui pour me séduire, d'autant plus qu'il y a peu de personnages, mais Triple agent a su me séduire par sa foi, ébranlée ou non, en sa parole.