Ce film ne vaut pas trip(l)ette
Et une nouvelle comédie romantique pour Cameron Diaz, une ! L’occasion pour elle de retrouver un genre dans lequel elle excelle et qui lui permet de régulièrement truster le podium des actrices les mieux payées, alors pourquoi se priver ? Pour elle, aucune raison de le faire. Mais pour nous, pauvre spectateur, ça ne serait parfois pas si mal…
Parce que oui, Triple alliance n’est pas une franche réussite. Le film souffre notamment de deux symptômes propres aux comédies U.S de ces dernières années:
1) Les gags en-dessous de la ceinture bien trop lourds. Que ce soit l’omniprésente paire de couilles du gros clébard, la déferlante de flatulences de 20 bonnes secondes (je pense qu’on doit passer par toutes les douces mélodies anales) ou le chien qui défèque sur le parquet (ceux des effets spéciaux ont dû être fiers d’être embauchés pour concevoir une merde générée par ordinateur), le film n’y va pas avec le dos de la cuillère.
J’ai l’impression que pour provoquer le rire, les comédies U.S actuelles se sentent obliger de partir dans la surenchère sonore ou visuelle. Je pense par exemple à l’essaye de robes dans Mes Meilleures amies qui entraîne un dispensable car long concours de chiasse ou au dernier American Pie qui nous gratifiait de la bite de Jim en gros plan alors que les trois précédents volets n’avaient pas forcément besoin de ça pour faire (sou)rire. Pourtant, je n’ai rien contre la vulgarité, Ted m’a même énormément plu. Mais ça fonctionnait grâce au décalage entre le côté nounours bien mignon et les insanités qu’il balance. Décalage que l’on retrouve sous une autre forme dans cette récente vidéo vulgaire ( https://www.youtube.com/watch?v=5J3Jw2xdszQ ) mais autrement plus réussie. South Park me fait aussi me tordre de rire, parce que c’est mine de rien fait avec une intelligence certaine.
Ce qui n’est pas le cas de Triple alliance.
2) L’autre symptôme, c’est que le film est long à démarrer et son rythme mal géré. Il met bien du temps à se mettre en place : il faut en effet 1h15 avant que les trois femmes ne décident de s’allier et d’en faire baver à Marc. C’est pourtant l’argument principal du film (cf. la bande-annonce et l’affiche française), alors qu’au final, ça ne tient que sur une poignée de minutes. On se coltine donc plus d’une heure d’exposition pour au final, passer moins d’une demi-heure (conclusion comprise) sur ce qui fait l’intérêt du film.
Pire, cette revanche est même parfois mal traitée. Par exemple, remplacer le shampoing de Marc par de la crème dépilatoire (désopilant) entraîne une grosse chute de cheveux par touffes entières mais ça s’arrête là. Dès la scène suivante, Marc conserve la même coupe de beau-gosse alors qu’amocher sa chevelure aurait pu bien entacher son allure (il faudra attendre le final pour qu’il perde de sa superbe)… Autre exemple, lorsque Carly lui met du laxatif dans le whisky (hihihi) : en plus d’avoir un effet éclair (genre méga chiasse en deux secondes), Marc a une réaction étrange : au lieu de se diriger d’emblée aux toilettes, il préfère quitter l’établissement avec Carly… Bref, c’est du détail mais ça rend tout de suite la vengeance moins bien ficelée.
Bon mais tout n’est pas à jeter non plus dans ce film hein !
Par exemple, j’ai trouvé intéressant que Triple alliance évite le trio de triples buses : les femmes ne sont pas des victimes de l’adultère mais prennent les choses en main (oui, cette dernière tournure aurait pu donner lieu à quelque chose de graveleux mais je m’abstiens, gentleman oblige). En quelque sorte, après le « rape and revenge », Triple alliance inventerait son pendant plus soft qui serait le « cheat and revenge ». D’autant que le poin-t/g final de la revanche en question est assez sanglant voire cruel.
D’une manière générale, le film se laisse regarder sans trop soupirer ou somnoler malgré le faible nombre de sourire(s) et sa trame classique.
Et puis le film propose un petit dépaysement à base de Bahamas ou de New-York et ses magnifiques buildings.
Côté casting, Cameron Diaz est bien à l’aise dans ce même rôle qu’elle joue depuis à peu près 20 ans.
Leslie Mann m’horripile plus qu’elle ne m’amuse à cause de sa voix mièvre, nasillarde et aiguë (sa première crise sur le lieu de travail de Cameron Diaz m’a fait vriller les oreilles). Mais elle a le mérite de m’avoir décroché le seul rire (enfin, soufflement de nez) du film avec sa tête déformée par le judas de la porte.
Kate Upton, sorte de Virginie Efira enflée et gonflée, est transparente au possible. À part tenir ses jumelles à l’envers ou proposer de latter les couilles du goujat, elle ne fait rien du film. Ah si –> BOOOOOBS.
N’ayant que regardé d’un œil la saison 1 de Game of Thrones (ouais, honte à moi, toussa), Nikolaj Coster-Waldau m’évoque plus un ersatz de Josh Holloway qu’autre chose. Soit un bon playboy mais dont le jeu d’acteur n’a rien de folichon.
Enfin, on a trois apparitions de Nikki Minaj (ou devrais-je dire, « trois scènes de Minaj ». Et non pas « scène de Minaj à trois ») qui se pose, elle et son cul panoramique, devant la caméra pour deux lignes de dialogue. Dispensable.
En conclusion, Triple alliance est une comédie romantique sans prétention et très classique qui se laisse regarder mais s’étire trop en longueurs et pourra décrocher quelques sourires malgré un humour trop poussif.