Plata y Plomo
Netflix a sorti un bon film. C’est devenu presque bizarre de le dire, on commençait à doucement connaître la chanson. Un pitch alléchant, un casting de mastodontes et puis patatra. Pas cette fois...
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le 13 mars 2019
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Vous êtes bien, un matin, au volant de votre véhicule, arborant fièrement votre vignette crit'air 3 fraîchement payée. Les enceintes chantent une musique choisie pour vous bercer en douceur avant que vous ne rejoigniez le tumulte de votre journée de travail. Quand soudain, vous croisez une affiche de film. Votre œil vitreux s'ouvre, votre cerveau sent qu'il y a quelque chose. L'image fleure bon le film de guerre viril, façon opération commando de gars "trop fort pour la vraie vie avec un je ne sais quoi de classe", ce genre un peu délaissé par la qualité que vous affectionniez particulièrement. Malheureusement pour vous, pas de STOP, ni de feu rouge. Vous devez avancer. Vous n'avez le temps de capter que quelques noms et reconnaissez des visages. Oscar Isaac, le dépassé et touchant Nick Wasicsko de Show me a hero. Charlie Hunnam, l'ex Jax Taylor des Sons of Anarchy reconverti chez Del Toro en pilote de Jaëger.
Mais qu'est ce que c'est que ce Triple Frontière alléchant ?!
Et il est où ce feu rouge ?
A la fois excité et frustré, vous ne tarderez pas à abandonner la seconde réponse émotionnelle pour ne garder que la première. En effet, Netflix a décidé de mettre le paquet sur l'affichage publicitaire et les 4x3 s'enchaînent. Et comme si quelqu'un, quelque part avait entendu vos appels, l'un d'entre eux est aux abords d'un ? FEU ROUGE ! Bingo.
Alors voyons voir. Ben Affleck, acteur qu'on ne présente plus, bien plus inspiré depuis quelques années en tant que réalisateur et enfin, Pedro Pascal, regretté et charismatique Oberyn Martell dans Game Of Throne, avec ses yeux qu'il gardera ici jusqu'à la fin malgré une montagne...
Un brusque coup de klaxon vous tire de votre rêverie. Le feu est vert. Vous essuyez la bave qui coule de votre menton et jurez, en passant la première que peu importe le synopsis, avec une telle brochette, ce Triple frontière, vous en ferez votre affaire avant la nuit, espérant retrouver ces bons vieux films d'action sous testostérone, avec des gars qui en ont dans le falzar, prêt à vous mettre les poils sur les bras au garde à vous.
Et bien... Ce n'est que moyennement réussi (d'où le 5/10 ben oui) ! Où passablement raté et, le nom de Kathryn Bigelow à la production ne sera qu'un pic d'excitation supplémentaire, se disant que la dame en restant accrochée au projet n'a pas totalement lâché ce qu'elle comptait en faire lorsque le film était dans les cartons... en 2010.
Quelques heures avant, lors de mes petites recherches, j'en découvrais d'ailleurs un peu plus sur le réalisateur, J.C. Chandor, me disant que ces deux précédents films, surement moins tape à l’œil, méritaient le détour.
Mais revenons à notre déception. Car oui, autant afficher la couleur tout de suite (surtout que j'ai déjà usé pas mal de caractères pour mon introduction), cette "nouvelle" production Netflix ne réussit pas à remporter mon adhésion. Soyons clair, ça aurait pu le faire. En fait, y'a même un moment où ça le fait !
Passé une ouverture pétaradante de circonstance dans ce genre de pellicule, Triple frontière démarre mollement. Les présentations aux message social réchauffé thermostat 4 (on a tout donné pour notre pays mais là, on galère sévère depuis notre retour à la vie civile) se font à mesure qu'on découvre les futurs membres de cette opération. Et le film prend son temps pour nous réunir cette (pas si) joyeuse petite bande de retraités, qu'on nous présente quand même comme l'élite de l'élite. Forcément, nous, bien avachi dans notre canapé, on attend que ça pète et que démarre enfin cette opération illégale, destinée à se débarrasser d'un baron de la drogue intouchable tout en s'en mettant plein les fouilles.
Et là, on attaque le virage. La scène de l'assaut constitue inévitablement le moment prenant et intéressant du film. L'action n'est pas tonitruante. L'infiltration est maîtrisée, silencieuse, rapide. Une balle. Un mort. Tout se déroule bien. Très bien. Trop bien. Si bien qu'on est brusquement pris d'un sentiment oppressant. Ça ne peut pas continuer comme ça. Il va se passer quelque chose qui va inévitablement envenimer la situation. Des gardes partout. Ils vont se retrouver piégés avec tout ce pognon qu'ils sont venus chercher, cette masse d'argent qui dépasse tout ce qu'ils avaient pu imaginer. On est sur le qui-vive, comme eux, quelque part dans cette jungle et on imagine le pire arriver, tout aussi rapidement qu'ils ont réussi à prendre la villa d'assaut. Surtout qu'ils traînent, l'appât du gain émaillant déjà le vernis de leur plan parfait. Il n'avait pas prévu autant d'argent. Ils n'avaient peut-être pas besoin d'autant d'argent. Ça va péter vite fait bien fait pensais-je, sans me douter que les choses se feraient doucement mais surement dans une seconde partie, bien plus réussie que la première, même si rien jusqu'au final, ne réussira à égaler ce braquage.
Lestés de leur butin, de leurs espoirs d'une vie meilleure, nos amis essaient donc de s'enfuir au cœur de cette triple frontière entre l'Argentine, le Brésil et le Paraguay, petite zone de non-droit pour narcotrafiquants ambitieux. Et c'est finalement le poids de leur cupidité qui pèsera sur cette retraite éprouvante où l'action n'aura que très peu de place, le une balle, un mort restant le maître mot des rares échanges de coups de feu. Au passage, un choix plus que bienvenue qui tranche avec les productions où nos soi-disant professionnels de la mort ne voient que 2% de leurs munitions terminer dans leur cible, genre Gilbert Montagné a de forte chance de faire mieux.
Malheureusement, cette retraite vers la richesse et la liberté, bien que ponctuée de moments intéressants, entre une confrontation dans une plantation de coca et un feu de camp à faire pâlir Serge Gainsbourg, se soldera par un final qui retombe dans les travers de la bienséance, oubliant radicalement les minutes précédentes où l'appât du gain noircissait les âmes et altérait le jugement.
Au final, malgré cette deuxième partie intéressante, Triple frontière, qui n'a finalement rien du film de guerre imaginé le matin même, m'a laissé déçu. Déçu par des personnages trop lisses qui n'avaient pas forcément besoin d'être aussi bien représenté. Déçu par les parties bien trop conventionnelles d'un récit qui ne trouve sa voix que pendant un certains temps. Déçu par une introduction trop longue et inutile car elle ne permet pas de développer un quelconque attachement envers nos mâles alpha. Déçu par une conclusion baignée de remords qui tente de redorer un peu le blason de ces gars qui n'auront jamais été plus intéressants que lorsqu'ils se laissaient gangrener par leur avidité.
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le 15 mars 2019
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