Dès que les premières infos sont arrivées sur la toile, Triple Threat a très rapidement emballé les foules avec son casting martial complètement fou et sa promesse d’être un nouveau The Raid en puissance avec une tonne de scènes d’action. Le premier trailer arrive rapidement après et l’impatience des fans de tatane est encore plus à son comble. Le film sort enfin un peu partout au mois de mars dernier (sauf chez nous) et là c’est la douche froide. Non pas que Triple Threat est mauvais, c’est même un actionner très correct et bien bourrin, mais avec un tel casting martial, on a cette désagréable impression de gâchis. On sort du film assez énervé, en se disant qu’il est possible qu’une telle brochette d’acteurs ne soit plus jamais réunie à l’écran. Quel dommage…
Donc oui, clairement, pour les amateurs de bastons, niveau casting c’est juste fou. Jugez vous-même : Tony Jaa (Ong Bak, L’Honneur du dragon), Iko Uwais (The Raid 1 et 2), Tiger Hu Chen (Man of Tai Chi, Kung Fu Travelers 1 et 2), Jeeja Yanin (Chocolate, Raging Phoenix), Scott Adkins (Ninja 1 et 2, la saga Undisputed), Michael Jai White (Black Dynamite, Blood and Bone), ou encore Celina Jade (Wolf Warriors 2, Legendary Assassin). C’est juste fou. Et avec en prime, petite cerise sur le gâteau, l’inégalable Michael ‘fucking’ Wong (Enter the Eagles, Final Option) et sa bonne vieille trogne dans un tout petit rôle.
De l’action, le film en a à revendre. On a des bonnes grosses scènes bien couillues qui s’enchainent à un assez gros rythme. Nous sommes clairement ici dans de la grosse série B bien burnée qui ne cherche qu’à envoyer du bois pour divertir le spectateur en manque d’action. Ça a un côté jouissif de voir tous ces artistes martiaux se foutre joyeusement sur la gueule. Sauf que voilà, ils passent la plus grosse partie de leur temps avec un flingue à la main plutôt qu’à réellement se battre. Vas-y que je te vide du chargeur à outrance, et que j’enchaine les gunfights sanglants avec plein de grosses gerbes de sang ; vas-y que je colle des impacts de balles dans tous les sens et que je dégomme du figurant par pack de 12. Sauf que voilà, avec un tel cast, on aurait préféré plus de coups de tatane dans la gueule que de fusillade. Alors oui, il y en a, mais les bastons se comptent sur les doigts d’une main.
C’est dommage car elles sont plutôt bien chorégraphiées (à défaut d’être exceptionnelles), souvent nerveuses, avec des enchainements assez longs et bien filmés, sans être trop découpés, où le côté bourrin à l’américaine se rentre dedans avec le côté plus acrobatique asiatique. Vous me direz « c’est bien aussi les gunfights ». Oui, je l’admets. Même si ici ils ne sont pas des plus extraordinaires et même assez plan/plan, ils ont le mérite d’être nombreux et d’aider à garder un gros rythme. Mais pas besoin de réunir un tel casting pour des gunfights, n’importe qui aurait pu faire l’affaire, d’où cette impression de gâchis.
La réalisation de Jesse V. Johnson n’a rien d’exceptionnel mais s’avère assez propre, avec une belle photographie, de belles couleurs, quelques cadrages assez recherchés. Mais elle est malheureusement plombée par un scénario tout de même assez ridicule qui n’a souvent absolument aucune logique (toute la manigance de Iko Uwais par exemple). On a l’impression que les scénaristes y croient, qu’ils jouent à fond la carte du scénario pseudo profond, sauf qu’avec les dialogues tombant dans le risible (voir la scène de repas dans le restaurant du marché) voire dans la caricature, ça ne marche pas. Et puis lorsque Iko Uwais, Tony Jaa ou Tiger Chen se mettent à parler anglais, ça sonne faux, on ne les sent pas du tout à leur aise. Mais semble-t-il, le film devait être tourné en anglais pour toucher immédiatement le marché mondial. Ah pognon, quand tu nous tiens…
Après avoir placé de grosses espérances sur ce Triple Threat, le soufflé retombe bien vite après visionnage. Artistes martiaux sous exploités, scénario inconsistant et ridicule, impression de gâchis, le film se regarde malgré tout mais on ne peut qu’être déçu.
Critique originale : ICI